Vendredi13/05/11 à 17:56
Une passoire contenant des combustibles qu’il faut en permanence maintenir sous l’eau pour les refroidir : voilà schématiquement à quoi ressemble le réacteur n°1 de la centrale de Fukushima.
Fin avril TEPCO estimait que 55% du cœur du réacteur n°1 était abîmé. Jeudi l’opérateur a admis que la majorité des crayons de combustible avait fondu, relate la chaîne japonaise NHK. Cela signifie qu’un corium (mélange de combustible et d’autres matériaux fondus) est tombé au fond de la cuve, scénario hautement probable mais jamais admis officiellement par TEPCO. L’étape suivante du scénario est le percement de la cuve (l’enceinte primaire qui renferme le réacteur) sous l’effet des hautes températures atteintes par le combustible fondu. La fusion du coeur s’est sans doute produite dans les jours qui ont suivi le séisme ( lire l’interview du physicien Daniel Heuer ).
TEPCO reconnaît désormais que la cuve du réacteur n°1 a été endommagée par du combustible tombée au fond, qu’elle est percée et que l’eau injectée fuit. La réparation de l’une des jauges à eau par les employés, qui sont allés dans le bâtiment du réacteur 1 le 5 mai, a permis de constater que le niveau réel dans la cuve était plus bas que ce que pensait TEPCO. Il manquerait 5 mètres pour couvrir l’ensemble du combustible, d’après les déclarations d’un porte-parole de la firme, Junichi Matsumoto. «Il y a probablement une fuite très importante» a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse (propos rapportés par l’agence Reuters). Un trou de plusieurs centimètres percerait la cuve, d’après les estimations de l’opérateur.
L’eau pourrait fuir de la cuve dans l’enceinte de confinement qui l’entoure, enceinte qui serait elle-même percée, selon les explications données jeudi par Junichi Matsumoto.
C’est une très mauvaise nouvelle pour TEPCO qui a commencé ces derniers jours une opération de submersion du réacteur, en déversant de plus grandes quantités d’eau (passant de 6m3/h à 8m3/h). L’objectif est de stabiliser la situation du réacteur et d’installer un circuit de refroidissement fermé. Les fuites remettent en question tout le calendrier de TEPCO qui prévoyait d’atteindre un refroidissement contrôlé des trois cœurs d’ici 6 à 9 mois. Le noyage de l’unité 1 n’a désormais plus de sens, a déclaré un porte-parole de l’agence japonaise de sûreté nucléaire, Hidehiko Nishiyama. Le plan doit être revu.
La situation critique du réacteur 1 n’est pas le seul point noir de la semaine à Fukushima Daiichi. Mercredi, l’opération de transfert d’eau très radioactive, pompée dans le bâtiment des turbines du réacteur 3, a provoqué une nouvelle contamination de l’océan. L’eau fuyait d’un puits situé près du bâtiment du réacteur. TEPCO a admis lors d’une conférence de presse que les inspections menées en amont pour éviter ces fuites étaient «inadaptées»
Source: Sciences et Avenir