De vie et d'humain pour C.G, Français né en Indochine dont le commentaire s'inscrit dans le même sens que celui de T. Monenembo à propos des Chameaux de la haine.
« Elle aurait pu s’inspirer du Rwanda ou de la Somalie, de la Côte d’Ivoire ou de l’Afghanistan voire de cette pauvre Libye qui de Syrte à Benghazi, se déchire sous nos yeux. » avait noté T.M dans "D'amour et de poésie".
"J'ai beaucoup aimé ce livre parce qu'il est profondément vivant et humain, peut-être parce qu'il a été écrit par une femme. Nous autres les hommes, sommes très mécaniques, actifs, penseurs, à la recherche du centre de l'idée. Les femmes donnent la vie et en connaissent le prix, la tendresse, le jaillissement perpétuel d'une source claire." écrit CG
Le livre m'a énormément plu.
D'abord parce qu'il évoquait pour moi dans un autre contexte ma propre histoire. Né en Indochine d'un père qui y avait passé toute sa vie, nous en avons été chassés par le Viêt-Cong et par la guerre quand j'avais 12 ans. Mais à notre arrivée en France, nous avons été rejetés et traités de trafiquants de piastres, ce qui fait qu'après une enfance paradisiaque, j'ai eu un parcours difficile qui m'a appris la vie.
Ensuite, j'ai beaucoup aimé ce livre parce qu'il est profondément vivant et humain, peut-être parce qu'il a été écrit par une femme. Nous autres les hommes, sommes très mécaniques, actifs, penseurs, à la recherche du centre de l'idée. Les femmes donnent la vie et en connaissent le prix, la tendresse, le jaillissement perpétuel d'une source claire.
Dans les églises, les vierges sont souvent noires. Ce n'est pas ethnique mais initiatique. C'est la couleur de la terre qui reçoit le ciel. Et la couleur du creuset de l'alchimiste, dans l'athanor, destiné à recevoir la matéria prima dont sera tirée la Pierre philosophale appelée Christ par les initiés.
Peut-être faut-il être à l'écoute pour bien apprécier le livre, les gens sont trop tournés vers leur petite personne, or c'est un livre de partage, et je l'ai partagé profondément.
Il se trouve que c'est justement le sujet du livre que je suis en train d'essayer d'écrire. Il sera moins bien car moins vivant bien sûr, et la vie est plus importante que la Connaissance. Mais les deux sont nécessaires car si on se contente de vivre, on reste à la surface des flots, dans les vagues de la houle et les vents de la tempête, alors que la Vérité se trouve à 3000 m de fond, dans le silence immuable.
D'ailleurs le livre de Safi l'évoque dans des très beaux passages, vers les pages 110 et suivantes.
Il est difficile de parler de toutes les idées que m'a inspiré le livre, disons très globalement que si on veut arriver à la paix et à l'amour universel, il est indispensable de connaître et de comprendre les tréfonds de l'âme humaine, qui se déclinent en de multiples étapes entre la bête et le divin. Or chacune d'elles doit être vécue pour servir de piédestal à la suivante, et surtout pour partager et comprendre le chemin de l'autre avec toutes ses ornières.
Le livre met bien aussi en opposition notre dimension collective, où nous n'existons qu'à travers le groupe, gage de survie primale, et notre dimension individuelle, support de la conscience. Les deux sont opposés en apparence, et sujets aux pires excès, mais parfois aux plus beaux comportements. La vérité est qu'il faut d'abord régler ses comptes avec soi-même, devenir mature, avant de pouvoir contribuer en responsable à la vie de la communauté.
Et surtout le livre met bien en lumière les fantasmes et les démons de l'imaginaire qui agitent l'espèce humaine de manière bien plus puissante que tous les appels à la raison. Les passions humaines. Et en définitive comment elles disparaissent comme fumées de l'Histoire, mais laissent des traces indélébiles, comme toutes les épreuves, qui nous fondent et nous mûrissent, mais peuvent tout aussi bien nous détruire. La barbarie est le fumier qui sert d'engrais aux plus belles roses.
Je m'arrête là, sinon mon mail atteindra les 285 pages.
Christophe G.