Ce qu’il est convenu d’appeler “le mouvement du 20 février” semble bien décidé à “faire bouger les choses” au Maroc!
OUI! WHY NOT?
Le champ politique et social est bloqué depuis suffisamment longtemps pour que que l’on secoue le cocotier en effet!
Les partis politiques sont sclérosés, les affaires de corruption sont révélées dans tous les domaines, la dépolitisation du peuple a atteint un niveau tel que la seule voie de recours des sans-voix est la rue, les sit-ins et les manifestations, qui n’ont pas attendu le 20 février 2011!
Ce mouvement, auquel on peut prêter toutes les intentions, de la plus louable à la moins avouable, entend donc prendre exemple sur ce qui se passe dans la sphère arabe pour mener à bien son action!
Pourtant, les meneurs de ce mouvement – quelque ils soient, jeunes et moins jeunes, marocains d’ici ou d’ailleurs, simples citoyens ou politiciens aguerris, naïfs militants ou manipulateurs embusqués – ont le devoir moral de se poser une question essentielle!
LE MODELE DU PRINTEMPS ARABE EST-IL LE BON ?
Il est en effet nécessaire de faire le point avant d’aller plus avant.
La révolution du jasmin a abouti à la fin du régime Ben Ali, c’est indéniable et c’est une victoire historique pour le peuple tunisien! Mais qu’en est-il de la Tunisie aujourd’hui? Qui peut nous donner une réponse claire? Les récents événements ne sont guère porteurs d’optimisme!
La révolution de la place At-Tahrir a entrainé la chute de Moubarak, c’est tout aussi indéniable et c’est une victoire aussi historique pour le peuple égyptien! Mais qu’en est-il de l’Egypte aujourd’hui? Qui peut nous donner une réponse précise? Les récents événement ne sont guère porteurs d’optimisme!
Dans l’un et l’autre pays, la démocratie piétine, le désordre règne, le peuple souffre et les plus privilégiés continuent à être privilégiés, malgré quelques procès et quelques condamnations, plus sympboliques et médiatiques que réellement efficaces!
Je ne veux pas dire par là que sans Ben Ali et sans Moubarek, ces pays sont tombés dans le chaos : je dis simplement que peu de choses ont changé au contraire! L’armée dirige toujours l’Egypte et la Tunisie n’a pas encore tout à fait soldé l’ère du 7 novembre, malgré les apparences!
Continuons notre tour d’horizon des exemples du “printemps arabe”!
Le Yemen, en apnée depuis des siècles sous l’effet soporifique des tonnes de “quat” consommé chaque jour pour le peuple, semble s’être réveillé pour mettre un terme à trente ans de pouvoir de Ali Saleh.
Depuis trois mois, les manifestations succèdent au manifestations, la répression à la répression, et Ali Saleh est encore en place, plus solide que jamais et plus fragilisé aussi que jamais!
Le Yemen, engourdi par le qat, semble s’engourdir dans cette révolution qui n’en finit pas de finir! Parce que personne ne sait comme la finir!
La Libye s’est soulevée, enfin, contre son guide d’opérette, qui la menait pourtant d’une main de fer : en quelques jours, le soulèvement populaire s’est transformé en insurrection armée, que les occidentaux se sont empressés de transformer en guerre civile, pour pouvoir justifier leur intervention que rien ne justifiait.
Les libyens ne sont pas encore sortis de leur cauchemar : leur quête de liberté a été prise en otage par des intérêts qui les dépassent! Ils ont troqué leur soumission à Kaddafi à leur soumission à l’occident!
Le bel exemple!
Le “printemps arabe” a failli prendre au Bahraein, à Oman et marginalement en Saoudie : mais les déferlements de subventions et de forces armées ont vite fait de l’étouffer.
La Syrie, victime de son ostracisme et d’une certaine façon de la morgue de ses dirigeants, est en train de payer le prix d’une révolution venue trop tard, venue alors que personne ne peut rien pour les syriens de peur de briser l’équilibre géostratégique de la région!
A force de s’allier avec le diable et le bon dieu, à force de faire allégeance à l’Iran et à l’Occident, à force de se croire le centre du monde tout en étant le ventre mou, la Syrie et les syrien se voient condamnés à régler leurs problèmes à huis-clos, mais sous le regard tout au plus réprobateur du monde!
Aucune comparaison donc à tenir avec ce qui se passe chez nous! L’exemple syrien est trop atypique!
Tout cela, pour en arriver à ma conclusion suivante : si les “20 févrieristes” veulent s’inspirer d’autres pays pour mener à bien les changements politiques et sociaux, dont tout le monde au Maroc voit la nécessité, du chef de l’état au citoyen lambda, il faudrait qu’ils s’écartent des modèles nés de ce qu’on a appelé un peu trop hâtivement “le printemps arabe”!
Qu’ils regardent du coté de l’Amérique Latine!
Le BRESIL et l’ARGENTINE ont connu comme notre pays des années de plomb, avec prisonniers politiques, disparitions, liquidations physiques d’opposants!
Les deux pays ont procédé, tout comme nous, chacun selon sa méthode et sa spécificité, à un travail de mémoire, de reconciliation et de liquidation de ce passé lourd et tragique!
Les deux pays se sont engagés dans une démocratisation lente mais sûre, accompagnée d’une économie épurée et libéralisée!
Le résultat est là et dépasse toutes les espérances!
D’autres pays de cette région du monde ont réalisé une avancée extrêmement importante vers une démocratie réelle et tangible! De la Bolivie à la Colombie, de l’Urugay!
Le Maroc s’est engagé, avec beaucoup d’enthousiasme et aussi beaucoup de difficultés, dans la phase de “transition démocratique” : pour parvenir à la phase de “consolidation démocratique”, il lui faut subir encore des épreuves et dépasser encore des défis!
Ce n’est pas en perdant notre temps dans les manifestations de rues, à hurler des slogans et à brandir des banderoles que nous y arriverons!
Pour parvenir à sortir de la situation, le trajet est tracé et les étapes imposées sont déjà signalées : référendum constitutionnel, élections législatives de 2012, élections régionales!
A bon entendeur, salut!