Le nouveau bombardier américain entrera en service en 2040
Les Ťblack programsť étant ŕ nouveau dans l’actualité, voici venu le moment d’évoquer le plus secret et le plus ambitieux de tous, le Next Generation Bomber (NGB). Il remplacera les B-1B, B-2A et B-52H de l’USAF …ŕ l’horizon 2040. C’est ce qui s’appelle s’y prendre ŕ temps.
Toutes considérations militaires mises ŕ part, chacun ręve d’en savoir davantage sur ce concept dans la mesure oů, en toute logique, il constituera une synthčse parfaite de l’état de l’art, c’est-ŕ-dire des technologies les plus novatrices. Précisément parce que le dossier est classé Top Secret, on ne sait (presque) rien du NGB mais, par bribes et morceaux, on peut trouver quelques indications en procédant ŕ l’exégčse de propos tenus par de hauts gradés du Pentagone. Ces jours-ci, quelques-uns se sont exprimés sur ce thčme, bien entendu avec une prudence de Sioux.
Au chapitre du non-dit, on constate qu’il est décidément difficile de jouer le rôle d’unique super puissance dans un monde passablement agité. Le NGB est d’entrée élevé au rang de symbole, il se devra d’ętre unique en son genre et afficher des capacités opérationnelles qu’aucun autre systčme d’armes ne pourra égaler. Du coup, on ne parle pas beaucoup de couts de développement, moins encore de budget. On devine que le prix ŕ payer sera celui demandé par un complexe militaro-industriel ŕ la recherche d’une nouvelle démonstration fracassante de son savoir-faire.
Reste le fait que certains esprits chagrins évoquent de temps ŕ autre des expériences malheureuses pour les contribuables, expliquent ŕ titre conservatoire que le NGB ne devra en aucun cas évoluer vers des niveaux financiers inabordables. D’oů l’utilisation répétée du terme Ťaffordableť. Mieux, il n’est pas exclu d’accepter des compromis techniques pour éviter des coűts exagérés. Tout est relatif et nos successeurs, dans une trentaine d’années, retraçant la genčse du NGB, relisant ces lignes, pourrait trčs bien éclater de rire. Dans les 6 années fiscales ŕ venir, 2012 ŕ 2016, un premier budget de 3,7 milliards de dollars est prévu pour lancer les études.
Sur base de calculs préliminaires qui ne sont évidemment pas mis sur la place publique, le Pentagone estime que le prix unitaire du futur bombardier sera de l’ordre du demi-milliard de dollars, étant entendu que la production porterait sur 80 ŕ 100 exemplaires. C’est ce qui s’appelle dresser des plans sur la comčte…
D’autres points de repčre intriguent. La fiche-programme n’est pas rédigée, le maître d’œuvre n’est pas choisi mais le calendrier envisagé comporte dčs ŕ présent des points d’ombre. Le mensuel Air Force Magazine, organe officieux de l’USAF, par définition trčs bien informé, estime que les essais en vol pourraient commencer en 2025 mais, par ailleurs, les livraisons seraient envisagées ŕ l’horizon 2040.
Le NGB serait biréacteur, de dimensions modestes (il est parfois comparé au F-111), ŕ peine supersonique, conçu pour obtenir un maximum de furtivité. Apparemment, il y a débat quant ŕ son pilotage, sachant que deux options fondamentalement différentes seraient prises en considération, ŕ savoir une version pilotée classique et une autre sans équipage ŕ bord. En termes de tous les jours, si l’on ose dire, le NGB pourrait donc entrer dans la catégorie des Uninhabited Aerial Vehicles, UAV.
De toute maničre, les décideurs ne seront pas les payeurs. Tous les penseurs du Pentagone qui préparent le NGB dans le plus grand secret ne seront logiquement plus lŕ en 2040. Portés par leurs lourdes responsabilités, ils n’ignorent pas pour autant qu’ils écrivent les premiers chapitres d’une extraordinaire saga. Un scénario comme seuls les Etats-Unis peuvent en imaginer.
Pierre Sparaco-AeroMorning
Notre illustration : une préfiguration tout ŕ fait théorique du NGB due ŕ Boeing.