Michael Beard est un glandeur. Buveur, trompeur, coureur de femmes, il voit son cinquième mariage se finir par sa faute: onze liaisons en quatre ans. Il est petit, rondouillard, veule, il gagne de l’argent en prêtant son nom à des organismes de recherche et en déclinant la même conférence devant des auditoires complaisants.
C’est qu’il a eu le Prix Nobel de physique, des années plus tôt. Du coup, tout passe. Il séduit, on le prend pour un chercheur compétent, on l’admire.
Ça, c’est au début de Solaire, le roman de Ian McEwan, un des auteurs anglais les plus en vue actuellement. Ensuite, ça va évoluer.
Je cite en vrac les ingrédients qui font bouger les choses. Mort accidentelle du jeune amant de sa femme, un chercheur qui travaille dans l’organisme que le Prix Nobel est censé diriger. Beard qui a peur qu’on l’accuse fait condamner quelqu’un d’autre, récupère les recherches de ce jeune amant et se lance dans une deuxième carrière, touchant à l’écologie et au solaire, et censée sauver le monde.
Le roman, une satire, explore les milieux scientifiques et écologiques. Il y a toutes sortes d’épisodes et de milieux, qui se fondent tout compte fait dans l’ensemble et contribuent à l’avancée de l’intrigue. C’est très drôle. L’épisode sur la banquise où Beard est invité pour voir l’avancée du réchauffement!
Et il y a même une morale: la tartuferie, le vol, le mensonge, la mauvaise foi ne peuvent pas toujours triompher, il y a un moment où on doit affronter ce qu’on est.
Que demander de plus?
Ian McEwan, Solaire, Gallimard 2011