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Little children: les enfants et les inconnus (by Nico)

Publié le 13 mai 2011 par Lifeproof @CcilLifeproof

Todd Field est un acteur, réalisateur, producteur, scénariste et compositeur américain (rien que ça) né  aux États-Unis. Il est essentiellement connu pour avoir réalisé In The Bedroom (2001) et Little Children (2006), films pour lesquels il recevra plusieurs nominations aux Oscars, mais sans en gagner aucun. Autant dire que pour dans le monde du cinéma grand public, Todd Field est un inconnu. Ses films sont donc logiquement passés inaperçus aux yeux de tous en France. A tort, et tel un justicier volant dans le ciel de Gotham City, je m’en vais de ce pas rectifier cette injustice.

Synopsis : Dans une banlieue chic de Boston s'entrecroisent les destins de personnages en quête de bonheur.

Little Children aurait pu être un énième film stigmatisant la vie monotone et hypocrite des banlieues bourgeoises américaines, subitement déstabilisée par un évènement, ou une série d’évènements inhabituels. Une sorte de projection plus longue et sur grand écran d’un mauvais épisode d’une mauvaise saison de Desperate Housewives. Mais Todd Field arrive à nous surprendre en nous giflant fort au moment même où commençons à nous sentir chez nous et à retrouver nos repères dans cet environnement aseptisé et ouateux que nous connaissons désormais si bien.

Comme beaucoup de réalisateurs plus connus que lui, notre inconnu du mois nous rappelle au travers de cet intéressant film, bien titré, bien casté et bien filmé, que nous sommes tous de grands enfants, en proie permanente à nos frustrations, nos perversions et nos obsessions. L’opposition entre l’innocence naïve de l’enfance et l’innocence éclairée des adultes nous plonge dans un profond désarroi, nous mettant face à nos propres contradictions. Comme si, à vouloir protéger ces mêmes enfants derrière notre immense maîtrise de la complexité de la vie, nous oublions souvent qu’il y a beaucoup à apprendre de leur sagesse naturelle dépourvue d’histoire. La détresse de ces adultes impuissants face à la fatalité de l’existence, laisse ressortir une naïveté qu’ils ignoraient d’eux-mêmes. La preuve que trop vouloir remplir sa vie de responsabilités et d’accomplissements standardisés ne chasse pas ce sentiment latent de solitude et d’égarement que l’on ressent quand on va à l’encontre de soi-même. On en devient alors un être ambivalent et dual, qui fait bonne figure en société, puis profite de la moindre occasion pour aller s’isoler dans son égoïsme, avec le mensonge comme seul alibi.

Little Children nous livre des personnages sans maquillage, sans habillage, dépourvus de toute barrière de protection, à nu devant leur vie et leurs semblables , pris dans la tourmente d’une existence monotone et déprimante contre laquelle ils semblent hésiter entre un abandon facile et jouissif, et une résistance parfois passive, parfois exacerbée. Little Children est filmé subtilement, non sans humour, mais sans effet de style, à la manière d’un documentaire ouvert sur la vie, la famille et la perversion, et pas toujours celle à laquelle on pense spontanément quand évoque l’hypocrisie de notre société contemporaine.


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