L'école des loisirs
246 pages
Résumé:
David voudrait juste qu’on le laisse tranquille. Que les choses soient claires : non, il n’a pas besoin d’amis. Ce dont il a besoin c’est d’une mère, et la sienne est morte il y a un an. Ce dont il n’a aucune envie c’est d’aller à cette stupide chasse aux oeufs de Pâques où l’emmène sa grand-mère.
Bon, c’est vrai que cette chasse se révèle plus originale que prévue. David trouve une morte dans la forêt : une fille cachée sous des feuilles, un oeuf dans la bouche. Il se sent tout de suite bien avec elle, alors il lui parle. Et il repart.
Et puis l’autre jour à la bibliothèque, avec qui David se retrouve nez à nez ? La Morte. Elle s’appelle Rose, elle a treize ans. C’est le genre de fille qui installe sa chambre dans une vieille camionnette pour échapper à sa mère voyante et timbrée. Son point fort : elle est on ne peut plus vivante.
Mon commentaire:
David a neuf ans. Il a perdu sa mère et vit maintenant avec sa grand-mère la plupart du temps, son père travaillant à l'extérieur. Il voudrait bien que sa grand-mère lui fiche la paix et ne se prenne pas pour sa mère. David se referme sur lui-même. Sa mère lui manque. Il a établi toutes sortes de règles qui, s'il les respecte, feront revenir sa mère. Il veut y croire. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il fuit comme la peste les levers de soleil...
Un jour de chasse aux oeufs de Pâques, David rencontre Primrose, une fille de treize ans qui dort dans un van retapé, sur le terrain de la minuscule maison familiale. Sa mère se dit voyante et elle perd un peu la boule. Primrose ne connaît pas son père et chérit une vieille photo en s'imaginant ce qu'il fait de sa vie. Parce que sa mère ne lui a jamais lu d'histoires le soir, Primrose assiste aux heures du contes pour les petits, à la bibliothèque du quartier. C'est là qu'elle retrouvera David...
David et Primrose, deux jeunes écorchés de la vie, se détestent. Ils se le disent souvent. Par contre, à travers leurs chamailleries, leurs chicanes, leurs jeux et leur amitié avec John Frigo un réparateur, ils développent une solide amitié. Leur relation est un baume sur l'absence qui gruge leurs vies: l'absence d'une mère, d'un père.
David et Primrose sont attachants dans leurs mutismes et leurs airs butés. On les suit à travers leurs escapades en ville ou leurs sorties nocturnes où ils partent à la chasse aux vers ou vont regarder la télé chez John Frigo, en se disputant la télécommande. Hantés par la peur et la tristesse, ils sont parfois moroses, souvent grognons. Ils sont aussi bien seuls et c'est cette improbable amitié qui va les sauver. Malgré les moqueries de l'un et l'autre, les chicanes et les pleurs, ils réussissent à s'ouvrir à l'autre et partagent ce que seul l'un et l'autre peut comprendre. Malgré les chamailleries, plusieurs des moments passés ensemble sont pleins de tendresse et dévoilent, en fin de compte, une grande amitié.
Oeuf est un roman particulier, qui raconte l'histoire de deux jeunes malmenés par la vie, qui évoluent dans un environnement plutôt étrange. Leur détresse et l'amitié qu'ils partagent est universelle, mais elle est aussi touchante et salvatrice. Avec Primrose, David apprivoisera doucement la mort de sa mère, pour faire l'apprentissage de l'absence, mais surtout de la vie qui continue malgré la mort. La fin du livre sur le lever de soleil est particulièrement touchant.
Un beau roman, différent et intelligent.
Un extrait:
"...il raconta sa dernière histoire: David et sa mère. Ça parlait d'un garçon qui avait perdu sa mère. Tout ça à cause d'une erreur débile et d'une règle qui n'avait pas été respectée. Alors le garçon avait décidé d'obéir à plus de mille règles. Peut-être un million. Et tôt ou tard, cette erreur serait réparée et la mère du garçon reviendrait." p.230