Alors que les modalités de création du Fonds d’indemnisation des victimes du médicament mediator ont été entérinées hier en Conseil des Ministres, la polémique n’est visiblement pas prête de s’arrêter. Alors que les mutuelles santé ainsi que l’Assurance Maladie sont considérées comme des victimes sur le plan financier, elles ne disposeront pas a priori de remboursement. A l’inverse des mutuelles santé et de l’Assurance Maladie, les victimes du mediator seront naturellement indemnisées dans le cadre de dispositions qui restent à détermine plus précisément. Toutefois, le sujet le plus contentieux ne concerne pas les mutuelles santé, les patients ou encore le Laboratoire Servier mais l’inclusion des médecins dans le processus de remboursement. Cette idée a été dévoilée en exclusivité par Le Figaro avant d’être immédiatement démentie par le Ministère de la Santé. Malgré tout, il semblerait qu’elle était reprise en tout cas sur le plan conceptuel à l’occasion de la discussion menée pendant le Conseil des Ministres puisque la Confédération des Syndicats des Médecins Français vient de publier un communiqué de presse dans lequel elle s’insurge de cette situation.
Cependant au-delà de la volonté de ne pas être associé à ce processus de remboursement dans la mesure où ils n’ont fait que prescrire un médicament autorisé à la vente sur le territoire hexagonal, les médecins entendent surtout s’ériger contre le dédouanement étatique absolu malgré les erreurs commises notamment par l’Afssaps : « la CSMF s’élève avec force contre la démarche qui vise à pénaliser les médecins qui ont prescrit un médicament autorisé et remboursé par l’Assurance-maladie, pendant que l’Etat, via l’AFSSAPS est totalement exonéré alors que sa responsabilité est manifeste. C’est bien l’autorisation de mise sur le marché de ce produit qui a permis qu’il soit prescrit. Si la CSMF est naturellement favorable à la légitime indemnisation des patients, elle dénonce vivement l’injustice qui est en train de se jouer et refuse que l’AFSSAPS puisse ainsi être amnistiée ». Or, la critique majeure formulée aux médecins réside dans l’idée selon laquelle ils ont prescrit ce médicament pour un usage différent de celui qui lui est initialement destiné. Elaboré afin de répondre aux pathologies diabétiques, ce médicament a été utilisé pendant très longtemps en tant que support à l’engagement d’un régime puisqu’il présente un fort effet coupe faim.