Voila un petit billet qui change de l’ordinaire. Mais la vie est décidément faite de ces petits riens qui changent tout et la vie quotidienne d’Olivia et Geoffroy n’échappe pas à la destinée humaine.
Passé l’immense plaisir de parler de moi à la troisième personne du singulier, venons-en aux faits.
Olivia se plaint fréquemment de mes réveils matinaux. De fait, je le confesse, il m’arrive de plus en plus souvent de m’agiter dés 6h du matin, habité par mille projets qui semblent se développer dans des mouvements incessants de mon corps, comme si cette période du réveil était un cocktail que le barman agite afin de leur donner une plus grande consistance.
J’ose à peine rappeler, à ce stade d’un récit (qui une fois encore rendra difficile la réunion de rédaction de ce soir), ce qu’un fin esprit notait à propos de notre président à savoir « un être que seul le mouvement apaise ». Non, je ne suis candidat à rien, sauf à la réhabilitation de ma situation de coupable dont les récriminations d’Olivia sont l'injuste cause.
Donc, les mouvements de mon corps empêchent Olivia de dormir sereinement. Je pensais avoir trouvé la parade, le bon compromis, en me levant tôt et en allant dans le bureau qui jouxte notre chambre. Mais le simple fait de me lever, par les lois immuables de la physique traditionnelle auxquelles les sommiers ne sauraient déroger, interrompait à nouveau un sommeil qui en avait assez d’essayer de trouver son nième souffle. Me voilà condamné à rester de marbre, immobile, inerte, comme une simple statue de pierre, mais, encore pire pour une statue, car sans même le secours d’un regard.
Je mis pourtant au point quelque astucieux stratagème (strata j’aime) pour défier les lois de la physique afin de me lever nuitamment sans bruit aucun et me réfugier dans la pièce voisine. A force de vivre chez les indiens, on développe des ruses de sioux. Mais dans ces tentatives, auxquelles mes neurones furent largement sollicitées, j’échouais telle un vielle goélette remontant un courant têtu.
Je pensais en souriant à la traditionnelle image du mari ivrogne rentrant tard dans la nuit et usant de mille stratagèmes pour ne pas réveiller sa femme. Sauf que là, il ne s’agit pas de rentrer discrètement le soir, mais de se lever discrètement le matin.
Mais fort heureusement, j’ai trouvé l’argument massue qui fera pencher la balance de la justice en ma faveur car, c’est le cas de le dire, il ne peut y avoir deux poids deux mesures.
Et cet argument se nomme Flip, notre labrador de compagnie.
En effet, Flip a pris maintenant l’habitude de venir nous voir le matin dans notre chambre aux
aurores. Et quand je dis aux aurores, c’est même quelques heures avant ; en effet, l’animal dés les 5h entrouvre notre porte et bondit sur notre lit. Ses désormais 40 kg se transforment
alors en un tsunami de débordements d’affection également répartis entre Olivia et moi. Mais quand on dit débordements d’affection c’est vraiment le
cas et c’est sans doute le moment de la journée où sa langue est la plus active. J'ai beau avoir beaucoup de sympathie pour le seul être
Et là, j’en reviens à la balance de la justice, Flip est accueilli à bras ouvert par Olivia, fêté comme un demi dieu…
Si bien qu’Olivia n’a pas compris, ce matin à 6h, pourquoi, au moment où elle me faisait remarquer que je n’avais pas à me lever si tôt, je me suis mis à aboyer.