Il n'est pas question de demander à des sociétés, cotées en bourse ou non, de devenir des institutions de bienfaisance.
En France, on répète partout les inadéquations criantes entre les jeunes sortant des universités, et les besoins des industries et services. OK, on le sait.
Il n'empêche…
Quand un jeune Bac+5 doit terminer sa maîtrise avec un stage de 6 mois qu'il présentera sous forme de mémoire de fin d'études, il contacte donc les entreprises susceptibles de l'engager, sans que cela ne mette en péril les finances de la dite entreprise puisque ces stages sont rémunérés (?) autour de € 500 par mois.
Particulièrement informé sur l'impérative nécessité d'envoyer un dossier clair, précis, juste, et sans fautes d'orthographe (ce qui est très loin d'être courant de nos jours), conscient qu'il faut "ratisser large", il envoie un total de 67 dossiers.
Jusque là, tout va bien, on sait qu'il y a peu de chances de décrocher un tel stage sans coup de pouce (et encore), mais, si on se met 5 minutes à la place de ce jeune, on espère quand même lire des réponses.
Résultat des courses : sur les 67 dossiers envoyés, seulement deux réponses, négatives toutes les deux : Véolia et un organisme semi-public alsacien.
Ce qui me hérisse les poils, ce n'est pas les deux réponses négatives, c'est le fait que ces entreprises sollicitées, soit un solde net de 65 sociétés ayant pignon sur rue, n'aient même pas pris le soin d'envoyer ne serait-ce qu'une lettre standard confirmant la réception du dossier et l'impossibilité pour elles d'offrir un tel stage en ce moment. Bref, un minimum de politesse.
C'est simplement lamentable, honteux, et encore une preuve, si besoin est, que seules les courtes vues ont droit de cité dans les services DRH. Comment voulez vous que ces générations arrivant sur le marché du travail puissent voir d'un oeil positif ce monde nouveau pour eux ? La notion de "solidarité intelligente" entre générations est loin d'être un acquis (social ou économique) en France. J'ai l'irrésistible envie d'écrire à tous les PDG de ces boîtes une lettre à ma façon, du style à la Ventura : "retenez moi, ou je fais un malheur". Mais il y aurait trop de gros mots.
Cela me rappelle le lancement du GJE en juin 1996. Je présente mon projet à plus de 200 châteaux bordelais, explicitant très clairement que j'achetais les vins (grâce aux partenaires que j'avais trouvés), donc que je ne sollicitais rien si ce n'est de me dire si oui ou non je pouvais les acquérir à la propriété. Je reçois 4 réponses : Jean Gautreau, Madame May Eliane de Lencquesaing (Pichon-Comtesse), Henri Dubosq (Haut-Marbuzet) et Haut-Brion. Ce fut ma première leçon sur le monde bordelais. Il y en a eu bien d'autres depuis, mais ça, c'est une autre histoire. On est toujours là, alors qu'en 1996, c'était surtout sarcasmes et autres gentillesses.
Restons positifs : depuis cette date, le GJE s'est quand même fait des amis de poids dans la région.