D'aventures en aventures, de fil en aiguille, d'idées en réalisations, l'émotion des premiers pas s'évapore comme une brume le long des rails que l'on a soi-même consciencieusement aligné. Strait to the point, perdant la vue, les détours, les accidents, les choix. Sur le chemin que l'on a tracé, on avance, on oublie le voyage.
D'aventures en aventures, la conquête des terres étrangères perd son projet d'origine : étendre le domaine de la lutte. Tout devient un simple jeu de stratégie où l'on déplace les pions, tel un pion. De nos intuitions de départ qui ouvraient notre vision et celle de ceux qui nous suivaient, nous n'avons gardé qu'une pointe qui indique une direction de principe et on a creusé notre puit, on a oublié que la jeunesse est de l'eau vive.
D'aventures en aventures, de corps en corps, de coeur en coeur, on s'habitue aux goûts exotiques, plus rien ne pique. Tout est doux, tout est amer. On a appris à faire le silence, à fermer les yeux et à s'endormir pour s'isoler. On a oublié que la musique est un cri qui vient de l'intérieur.
Alors quand un jour, ou une nuit, un nouveau rêve nous réveille en plein sommeil, on s'étonne de vivre, on s'étonne d'avoir mal, on s'étonne d'avoir envie. Il faut aimer nos rêves... Nos rêves sensibles, fragiles comme des promesses. Nos rêves fantomatiques, transparents comme le voile d'un nouvel espoir qui se lève. Nos rêves comme le dernier refuge de nos prochaines aventures. Il faut aimer nos rêves, même si parfois le matin on ne s'en souvient pas.
☆☆☆
Je viens d'écrire ce billet sous l'impulsion du très inspirant article sur Hugo Pratt lu ce matin dans le Magazine Ever
« J’ai trouvé mon île au trésor. Je l’ai trouvée dans mon monde intérieur, dans mes rencontres, dans mon travail ». Hugo Pratt.