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60 secondes

Publié le 12 mai 2011 par Jotbou

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60 secondes
epuis le 18 avril, la chaîne franco-allemande propose une nouvelle web série intitulée “60 secondes” dont la diffusion est exclusive à Facebook. Le principe ? Fantille, l’héroïne de cette série enregistre chaque soir à 19h ses états d’âme entre travail, vie privée, espoirs et déceptions pendant une minute avant de publier la vidéo réalisée chaque soir à 19h01 sur sa page dédiée Facebook. Après vingt cinq épisodes, petit tour d’horizon de cette nouvelle venue dans l’univers transversal de la télévision et du web.

Ce projet, avant toute chose, et aussi modeste soit il doit être salué car ce n’est pas tous les jours que les chaînes de télévision s’impliquent concrètement dans le Web et une fois n’est pas coutume, c’est Arte qui se lance dans cette aventure.

Pourquoi parler d’aventure quand il s’agit “simplement” d’une nouvelle vidéo d’une minute postée chaque soir sur Facebook ? Des milliers et des millions sont proposées dans les mêmes conditions chaque jour mais celle-ci revêt un caractère particulier. En effet, “60 secondes” est associé à une marque, en l’occurrence Arte dont le cœur de métier est de faire de la télévision et non du web.

Bien qu’Arte dispose d’une légitimité et d’un historique au combien intéressant dans ce domaine, “60 secondes” demeure un ovni à bien des égards. Pourquoi ? Car en comparaison de la télévision dite traditionnelle, “60 secondes” tend à balayer quasiment tous les codes généralement admis. Aucun générique en entrée ou en fin de vidéo, frontière floue et entretenue entre fiction et réalité, effet amateur et 2.0 revendiqué, trame de l’histoire décousue, heure de programmation et format inhabituels et enfin, aucune identification au diffuseur.

Mais tout cela est tout à fait dans une veine de proximité vis à vis du téléspectateur. Quand un diffuseur voit son public se disperser via la multitude des canaux, il adopte les codes du nouveau média afin de faire muter sa marque vers les nouveaux usages et besoins de son public. “60 secondes” répond ainsi de cette problématique par un triple aspect.

Tout d’abord par la forme en elle-même de la vidéo. De facture amateur (même si le travail est amont semble conséquent), elle ressemble à n’importe quelle vidéo du web que les internautes aiment à s’échanger. Son format court (une minute) incite également à cette pratique.

Son mode de diffusion, utiliser Facebook c’est à la fois créer une communauté de téléspectateurs (privilégiés ?) mais également favoriser la viralité du contenu, disposer des épisodes quand on le souhaite ainsi que faire le lien narratif manquant que la série met en avant.

Et ceci semble être le point fondamental du projet “60 secondes“, proposer aux téléspectateurs de créer par ses réactions ce chaînon manquant entre tous les épisodes. Car vus à la suite, l’histoire de Fantille est proprement décousue, certaines scènes paraissent profondément vidées de leur sens et l’internaute qui se cantonne à cela ne verra dans ce projet que quelque chose d’avorté qui ne répond pas aux promesses annoncées. Mais en prenant le temps de lire les commentaires, de quantifier le nombre de “like” selon les situations, on simule l’univers qui gravite autour de Fantille et qui donne corps à ce récit. Puisque faisant régulièrement référence à d’autres personnes dans ses micro pastilles, celles-ci sont partiellement et involontairement jouées par nous, internautes qui par un processus d’identification à ces banalités de son (notre) quotidien éveillons ces personnages secondaires et invisibles. Indifféremment, le public peut se sentir d’incarner un actant au cœur du projet ou de se trouver être plus en retrait, à la manière d’un narrateur.

Pour terminer, il s’agit de considérer “60 secondes” comme une vraie expérience immersive, qui n’est pas du tout présentée comme telle mais qui dans l’usage se révèle être le cas grâce à ce système de capsules aléatoires dont la logique éditoriale n’existe pas en première lecture mais se savoure dans l’appréciation qu’en fait le public. Quand les internautes façonnent le quotidien de Fantille pour en faire un récit, le storytelling n’est jamais bien loin.


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