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Les secrets merveilleux du Petit Albert (1)

Publié le 12 mai 2011 par Cameline

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Le Petit Albert était un grimoire "de magie". Il aurait été écrit à partir du XIVe siècle, et a été imprimé pour la première fois en 1651. Les recettes qu'il contient ont été recueillies au cours des siècles, auprès de nombreux auteurs qui seraient entre autres Albert le Grand et Paracelse, la plupart étant anonymes. Ce grimoire était colporté de ville en village et connut un grand succès.


Dans cet ouvrage écrit en 1782, on peut lire l' "ALBERTI PARVI LUII, Libelllus de mirabilibus naturae Arcanis, Et d'autres écrivains philosophes ou érudits" traduit du latin, auquel ont été ajoutés "des choses récréatives, des renseignements souventes fois utiles et receptes faciles, ainsi que secrets touchant la beauté des Femmes".

  

Les formules et remèdes magiques, parfois un peu effrayants d'ailleurs,  ne nous intéressent pas ici, et c'est évidemment les recettes de beauté que je vais vous présenter.

Pour faire croistre les cheveux.

Prenez trois cuillerées de miel, et trois poignées de petits filets de vignes, par lesquels les seps de vignes s'attachent et se tiennent aux échalas. Pilez les bien, et en tirez le jus, que meslerez avec le miel ; puis en lavez les endroits où vous voudrez avoir les cheveux longs et épais.

Eau rare à faire les mains et la face très-belle.

Prenez feuilles de lis blanc et les distillez en vaisseau de verre ou de plomb à petit feu, puis prenez santal blanc et le laverez très-bien, mettez-le tremper en ladite eau, l'y laissez tant qu'il soit bien enflé ; après pour chacune once de l'eau susdite, mettez demie once ou trois quarts de mastic bien lavé et séché, puis toutes choses meslées ensemble, la mettrez distiller par le bain, en appliquant à la bouche de l'alambic un peu de musc si la voulez avoir de bonnes senteur, puis vous aurez une eau très-noble, connue de peu de personnes jusques à présent.

Pour faire une autre eau qui embellit le visage.

Prenez glaire d'oeufs, et en faites eau distillée par l'alambic, d'icelle lavez en la face tant que vous voudrez.

Pour faire les dents blanches.

Prenez des limons et faites eau distillée, d'icelle lavez vos dents, car elle est très-parfaite, ou si vous n'en faites eau, prenez le jus, car il est bon, mais l'eau meilleure, d'autant qu'elle est plus agréable, pourvu qu'elle ne perde sa force à distiller.

Pour le mesme.

Ayez tartre et la mettez dedans un vaisseau de marbre, et l'estoupez diligement, puis l'enterrez, et le laissez demeurer là jusqu'à tant qu'il soit venu en eau, puis le tirer dehors, et en frotter les dents, et elles deviendront belles, prenez aussi l'eau qui tombe au commencement de la distillation du sel de nitre et alun, et en frottez les dents, si vous prenez aussi une racine de mauves, et qu'avec icelle vous les frottiez tous les jours, elles deviendront luisantes et belles, sans gaster la gencive.

Si vous prenez aussi une crouste de pain de froment et la faire brusler tant qu'elle soit comme un charbon, puis l'ayant mise en poudre, et en escurez vos dents, et les lavez après d'eau fraische, soit de puits ou de fontaine, elles deviendront blanches, car c'est chose expérimentée.

Pour faire savon qui embellit les mains.

Ayez une livre de savon Vénitien, deux onces de sucre rouge, demy once de gomme draganti, mettez-les en infusion en eau, puis les y laissez un jour ou plus, comme il vous plaira, puis prenez du savon gratté, mettez toutes ces choses en un petit chauderon, et les mêlez très-bien d'un baston tant qu'il devienne comme colle, lavez-vous en après les mains, et vous en verrez un bel effet.

Pour faire une eau qui fait la face blanche et luisante.

Si vous prenez lait d'asnesse et escorces d'oeufs, et en faites eau distillée, et vous lavez le visage, puis il sera blanc, beau et luisant.

Eau très-bonne pour faire sembler le visage de vingt ou vingt-cinq ans.

Ayez deux pieds de veau* et les mettez cuire en dix-huit livres d'eau de rivière, tant qu'elle soit moitié consommée, puis y adjoustez une livre de riz, et le laissez cuire avec de la mie de pain blanc de chapitre détrempée avec du lait, deux livres de beurre frais, et la glaire de dix oeufs frais, avec les escailles et peaux, mettez toutes ces choses à distiller, et en l'eau que vous en distillerez mettez-y un peu de camphre, et d'alun succarin, et aurez une chose noble par excellence.

Eau pour embellir la face, et toutes autres parties.

Prenez borax blanc deux onces, alun de roche une once, camphre deux dragmes, alun de plume, alun escaillé de chacun une once pulvérisé, chacun à part soy, puis l'incorporez tous ensemble, et puis les mettez en quelque grand vaisseau plein d'eau de fontaine, lequel vous couvrirez, et serrerez très-bien d'un linge, et le mettrez au feu par l'espace de deux heures, puis après l'en avoir retiré, et qu'il sera refroidy, mettez-le en un autre vaisseau, prenez la glaire de deux oeufs pondus du jour mesme, et la battez bien avec un un peu de verjus ; puis la mettez au vaisseau avec l'eau, et laissez-le par l'espace de vingt jours au soleil, et aurez une chose parfaite.

Pour faire un très-beau lustre pour les dames.

Ayez un grand limon, et faites un pertuis par dessus, par lequel vous osterez du dedans la grosseur d'une noix, puis le remplissez de sucre candi avec quatre ou six feuilles d'or, et le recouvrez de la pièce que vous en aurez ostée, la recousant d'une éguille, de sorte qu'elle soit bien attachée puis mettez ledit limon cuire sur la braize la cousture dessus, et à mesure qu'il commencera à bouillir, tournez-le souventes fois, tant que vous le verrez suer quelques temps, puis l'en retirez quand vous voudrez en user, mettez un doigt au trou qui estoit recousu, et vous en frottez la face avec quelque linge bien délié, ce sera chose exquise.

Pour ôter les taches du visage.

Prenez farine de Lupins, fiel de chèvre frais, jus de Limon, Alun succarin, incorporez bien tout ensemble en forme d'oignement puis vous en oignez au soir le lieu où sont lesdites taches, et guérirez incontinent, c'est chose bien expérimentée.

Eau admirable et très-facile à faire pour embellir le visage, mais il faut se servir de la saison.

Il faut cueillir de l'orge quand il est encore en lait, que le grain n'est pas formé dedans ny espaissy, et de ces grains avec du lait d'ânesse, après estre broyés dans un mortier, faire le tout distiller au bain-marie, et se laver de cette eau le visage, secret éprouvé et fort innocent, mais cette eau ne se peut faire qu'une fois l'année.

Autre secret pour le visage admirable et éprouvé.

Prenez demy douzaine de citrons et les hachez en pièces, les infusez dans une pinte de lait de vache, et avec une once de sucre blanc, et autant d'alun de roche, et distillez le tout au bain-marie, et le soir frottez vous en le visage.

Autre secret expérimenté.

Prenez deux livres et demy de pain blanc, des roses blanches, des fleurs de lis de Nénuphar, et fèves de chacune une poignée, demy douzaine d'oeufs, le blanc seulement, et une livre de lait de chèvre, le tout distillé à l'alambic de verre.

Vin pour la face.

Vin pour la face, qui est l'ornement des femmes, se fait ainsi ; prenez brésil et alun sucarin, broyez les et les mettez en vin rouge, et faites bouillir jusques à ce que les six parties du vin reviennent à une, et quand il sera froid, la femme mouille dedans une pièce de coton, et s'en lave où il luy plaira.

Autre secret fort excellent et fort aisé.

L'Eau du jus de limons distillée à l'alambic de verre au bain-marie est singulière pour embellir le visage.

Autre secret fort aisé.

L'eau distillée de pommes de pin toutes vertes oste les rides du visage en le rajeunissant.

Autre secret  éprouvé pour faire beau le visage.

Il faut couper un melon en pièces, et avec une poignée de racines de pied de veau*, et demie livre de jus de limons, et une livre de lait de chèvre, mettez tout dans un alambic de verre, et le faites distiller au bain-marie, l'eau en est excellente et merveilleuse.

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Pour faire la véritable eau de la reine de Hongrie.

Vous mettrez dans un alambic une livre et demie de fleurs de romarin bien fraîches, une demi-livre de fleurs de pouliot, une demi-livre de fleurs de marjolaine, une demi-livre de fleurs de lavande, et dessus tout cela trois pintes de bonne eau-de-vie ; ayant bien bouché l'alambic, pour empêcher l'évaporation, vous le mettrez durant vingt-quatre heures en digestion dans le fumier de cheval bien chaud, puis vous le mettrez distiller au bain-marie.

L'usage de cette eau est d'en prendre une ou deux fois la semaine, le matin à jeun, environ la quantité d'un dragme, avec quelque autre liqueur ou boisson, de s'en laver le visage et tous les membres où l'on se sent quelque douleur ou débilité. Ce remède renouvelle les forces, rend l'esprit net, dissipe les fulinosités, conforte la vue, et la conserve jusqu'à la vieillesse décrépite, fait paraître jeune la personne qui en use, est admirable pour l'estomac et la poitrine, en s'en frottant par dessus ; ce remède ne veut point être échauffé, soit que l'on s'en serve par potion ou par frictions. Cette recette est la véritable qui fut donnée à Isabelle, reine de Hongrie.

Composition d'une savonnette pour le visage et pour les mains, qui rend agréable la personne qui s'en sert.

Prenez une livre d'iris de Florence, quatre onces de storax, deux onces de santal citrin, une demi-once de clous de girofle, autant de canelle fine, une noix muscade et douze pains d'ambre gris ; que tout cela soit réduit en poudre, passé au tamis ; l'ambre gris se met séparément ; puis prenez deux livres de bon savon blanc, qu'il faut râper et mettre dans trois chopines d'eau-de-vie, pour tremper quatre ou cinq jours, puis la pétrissez avec de l'eau de fleurs d'oranger, et vous en ferez une pâte avec de l'amidon fin passé au tamis ; et c'est pour lors que vous pourrez mélanger votre ambre gris dissous avec un peu de gomme adragante, liquéfiée dans de l'eau de senteur, et de cette pâte vous formerez des savonnettes, que vous sècherez à l'ombre et les fermerez dans des boîtes avec du coton.

Pour faire de la bonne eau d'ange qui embaume par son agréable odeur.

Ayez un grand alambic, dans lequel vous mettrez les drogues suivantes : benjoin quatre onces, clous de girofle deux dragmes, deux ou trois morceaux d'iris de Florence, la moitié d'une écorce de citron, deux noix muscades, canelle une demi-once, deux pintes de bonne eau de rose, une chopine d'eau de fleurs d'oranger, une chopine d'eau de méliot ; vous mettrez le tout dans un alambic bien scellé et distillé au bain-marie, et cette distillation est une eau d'ange exquise.

Pour faire la meilleure eau d'Ange.

Prenez un pot et demy d'eau rose, demy pinte ou un peu plus d'eau de fleurs d'oranges, vingt-cinq grains de musc, autant d'ambre, et autant d'aloès, quinze grains de civette, quatre onces de benjoin, une once de storax ; le tout bien pulvérisé sera mis dans un pot de cuivre bien bouché avec un couvercle de mesme, et force linges à l'entour, et le mettrez bouillir dans un chaudron d'eau l'espace de trois heures ; si vous y remettez la mesme quantité d'eau rose, et la moitié d'eau de fleurs d'oranges avec cinq ou six grains de civette, vous pourrez après de ce reste former pastilles ou en faire cassolettes.

Pour faire un Pomos, comme ceux qui se font en Espagne.

Vous prendrez demy livre de paste préparée, qui est le benjoin abreuvé d'eau de roses odoriférantes, et exposez au Soleil durant six semaines, remuez deux fois par jour avec une spatule de bois, et nouvelle eau de rose ajoutée à mesure qu'elle se sèche. Broyez la bien y mettant quatre grands clous de girofle entiers, un peu de canelle bien pulvérisée, une once de storax aussi concassé avec le reste, demy once de la peau jaune des citrons coupées bien menu, demy once d'ambre gris, un quart d'once de civette, une once de poudre de parfum d'Italie, une once de poudre de roses, un gros musc ; meslez bien le tout ensemble, et faites bouillir cela dans de la simple eau de roses ; jusqu'à ce que le tout soit bien incorporé.

Cette proportion servira pour huit pomos ; en s'en servant, il faut tousjours tenir le pomos couvert d'eau de roses.

Pour faire promptement, et à peu de frais, un excellent Pomos qui sent fort bon.

Graissez vostre pot de cassolette avec un peu de civette, autant que vous en pouvez prendre sur la pointe d'un cousteau, et versez la dessus une bonne quantité d'eau de fleurs d'oranges, on y met ordinairement de l'eau de senteur de cardona, qui est distillée de toute sorte de fleurs odoriférantes. Mettez pardessus cela un peu de poudre de bucaros, alors allumez la lampe, ne manquez pas de l'entretenir tousjours d'eau fraîche de senteur, tant que vous y mettez soit consumé.

Parfum pour brûler.

Faut prendre demy livre de boutons de roses de Damas, dont vous aurez osté le blanc, du benjoin en poudre trois onces, musc demy quart d'once, autant d'ambre gris, et autant de civettes. Mettez le tout en poudre dans un mortier, et estant bien mélé, mettez une once de sucre : puis en formez des tablettes, que ferez sécher au Soleil ou à petit feu.

* Il s'agit de l'arum, dont on utilisait les feuilles, la tige et les racines.


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