La première partie de l’installation d’Anish Kapoor, Leviathan, au Grand Palais pour Monumenta (jusqu’au 23 juin) en est la partie la plus étonnante, car elle englobe, elle intériorise, elle imbibe chaque parcelle de notre corps, chaque cône et chaque bâtonnet de notre rétine, chaque cellule olfactive, chaque cellule ciliée auditive. C’est un retour dans l’utérus, bien évidemment, dans une lumière rosée amniotique : symbolisme un peu lourd, peut-être, avec ces trois tunnels inaccessibles et, au sommet, cette ogive d’église.
Quand on repasse à l’extérieur, on est impressionné, mais pas surpris : adaptée aux rondeurs du Grand Palais, à sa verrière et à son immensité, c’est une installation de la même veine que celle du Turbine Hall. On ne peut pas tout voir d’un coup, bien sûr et cela entraîne une réaction amusante : je recule autant que je peux, je me colle aux parois du bâtiment pour voir mieux, ou en tout cas voir plus.
C’est bien la question que me pose cette pièce : mieux ou plus ? C’est très impressionnant, bien sûr, on ne cesse de citer le poids, la surface, de mentionner l’exploit technique, on en prend plein les mirettes, comme disait ma grand-mère. Ça, c’est le plus. Mais en sortant, j’avais envie de minimalisme, d’arte povera… Par exemple d’une mosquée en pierres dans le désert. Kapoor tente de se l’approprier, mais il est aux antipodes, quoi qu’il raconte sur le ZimZum.
Photos de l’auteur. Anish Kapoor étant représenté par l’ADAGP, les photos de son installation seront retirées du blog à la fin de l’exposition