La musique a toujours accompagné le cinéma, même muet. Quatre clarinettes suffisaient à accompagner les films des frères Lumière, mais les grandes salles d’opéra utilisaient un orchestre symphonique pour mettre l’ambiance. Un bonimenteur vociférait, chargé de commenter l’action et de lire les intertitres pour un public souvent analphabète. Le chef d’orchestre improvisait, passant joyeusement d’un air de guinguette à une compile des classiques du XVIIIème.
Il faut attendre 1908 pour que Charles Le Bargy et André Calmettes proposent à Camille Saint-Saëns la composition de la musique de L’assassinat du Duc de Guise. C’est la première partition destinée à un film. Le vieux Saint-Saens (73 ans), auteur de la Danse Macabre, de douze opéras, d’une Messe, d’un Requiem mais aussi de centaines de mélodies, se colla au piano avec plaisir.
En 1908, on savait déjà enregistrer le son (Edison a inventé le phonographe en 1878). Le problème restait la synchronisation avec l’image. En 1915, Griffith réalise Naissance d’une nation, premier film entièrement musicalisé. La bande-son consiste en deux heures trente d’un flux ininterrompu de morceaux classiques.
Il faut attendre les années 20 et une meilleure synchronisation pour que d’autres compositeurs tentent l’expérience du ciné, comme Erik Satie pour L’entracte de René Clair. Dans les compagnies hollywoodiennes, les départements musicaux apparaissent. Les sentiers de la gloire sont ouverts pour Schifrin et Morricone.