La traduction d’Ariel, de Sylvia Plath, par Valérie Rouzeau, parait aujourd’hui en poche, dans la collection Poésie / Gallimard. Présentation de de livre. Note de lecture de la première édition, en collection Blanche (2009)
Coquelicots en octobre
Même les nuages au soleil de ce matin ne savent inventer de telles jupes
Ni la femme dans l’ambulance
Dont le cœur rouge fleurit incroyablement son manteau —
Un don, un don d’amour
Qu’aucun ciel
Au feu blafard
Qui brûle son oxyde de carbone, que nuls yeux
Éteints sous des chapeaux melons
N’ont jamais demandé —
Oh mon dieu que suis-je
Si ces bouches tardives s’ouvrent pour crier,
Dans une forêt froide, une aurore de chardons.
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Coquelicots en juillet
Petits coquelicots, petites flammes d’enfer,
Vous ne faites pas mal ?
Vous tremblez. Je ne sais pas vous toucher.
Je mets les mains dans les flammes. Rien ne brûle.
Et cela m’épuise de vous regarder
Trembler comme ça, rouge vif et froissés comme une bouche.
Une bouche que l’on vient d’ensanglanter.
Oh petites jupes sanglantes !
Il y a des vapeurs que je ne peux toucher.
Où est votre opium, où sont vos capsules écœurantes ?
Si je pouvais saigner, ou dormir ! —
Si ma bouche pouvait épouser une blessure pareille !
Ou vos sucs distiller pour moi, dans cette capsule de verre
Une stupeur, un apaisement
Mais pas de couleur. Pas de couleur
Sylvie Plath, Ariel, présentation et traduction de Valérie Rouzeau, collection Poésie / Gallimard, n° 467, 2011, pp. 34 et 100, 5 €.
Versions originales des poèmes (attention l’édition Gallimard n’est pas bilingue)
Poppies in October
Even the sun-clouds this morning cannot manage such skirts.
Nor the woman in the ambulance
Whose red heart blooms through her coat so astoundingly —
A gift, a love gift
Utterly unasked for
By a sky
Palely and flamily
Igniting its carbon monoxides, by eyes
Dulled to a halt under bowlers.
O my God, what am I
That these late mouths should cry open
In a forest of frost, in a dawn of cornflowers.
Poppies in July
Little poppies, little hell flames,
Do you do no harm?
You flicker. I cannot touch you.
I put my hands among the flames. Nothing burns.
And it exhausts me to watch you
Flickering like that, wrinkly and clear red, like the skin of a mouth.
A mouth just bloodied.
Little bloody skirts!
There are fumes that I cannot touch.
Where are your opiates, your nauseous capsules?
If I could bleed, or sleep! —
If my mouth could marry a hurt like that!
Or your liquors seep to me, in this glass capsule,
Dulling and stilling.
But colorless. Colorless.
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