Elle est arrivée par le fond de la salle du Centre Paul B. à Massy (91), pour aller s’installer sur la scène. Clown qui observe ses spectateurs avec des petits bruits qui marquent l’étonnement, le plaisir, et une certaine gêne d’être là, attendue. Puis, tant bien que mal, elle monte sur le plateau avec ses accessoires, un portant tout de guingois où est accroché un rideau rouge.
Elle nous parle tout le temps. C’est bavard parfois, un clown. Mais ce qu’elle nous dit, c’est pour s’excuser de prendre notre temps, et d’être si maladroite… Et puis, elle parvient enfin à monter le rideau et à se cacher derrière pour se transformer.
Et la première transformation, c’est celle de la voix. La gitane qui sort du rideau est tellement autre que le rire fuse. Tous ses gestes ensuite vont faire monter le rire. Monica la Flamenca va oublier sa timidité, sans complexe débouler dans les règles d’une danse et d’une attitude très codifiées, et nous entraîner dans son voyage en zapateado…
Entrée par la porte du public dans la salle (MJC-Centre social de Chilly-Mazarin - 91), ses premiers mots sont pour… les radiateurs, deux frères sans doute, puis elle nous recommande de faire attention à nos sièges qui pourraient regimber, mot qu’elle va répéter plusieurs fois de peur qu’on l’oublie parce que les mots qu’on n’utilise pas finissent par disparaître. Et les objets, tous les objets vont sous nos yeux acquérir une existence propre, on pourrait dire personnelle tant Calamity les considère comme doués d’une âme. Nous sommes près du jeu de l’enfant qui donne vie aux jouets et aux choses qui l’entourent, mais cela va beaucoup plus loin. Les choses nous regardent : cet escabeau, là, ne fait-il pas un peu le fier ? La poignée de la valise, n’est-ce pas elle qui nous tient la main ? Cette Calamity ne vit qu’au présent et chaque situation nouvelle chasse la précédente dans l’oubli, ou presque. Car, si les objets ont une âme, c’est à la nôtre qu’ils s’attachent, et à notre mémoire. Qui fait qu’on en rit encore après le spectacle.