Des gouvernements, mais aussi des oppositions, peuvent être parfois saisis du désir irrésistible de se mettre une poutre dans l’oeil. Le télescopage des propos du ministre Wauquiez sur le RSA et de la réforme de l’ ISF le prouve et fabrique une sorte de répulsif qui attaque toute la politique gouvernementale. D’abord le RSA, initié par Martin Hirsch, longtemps présenté comme la principale réforme sociale du sarkozysme, qui consistait à aider les plus démunis à retrouver un emploi. Pour l’imposer en 2009, Nicolas Sarkozy avait du batailler. Et voilà Wauquiez, genre sarkozyste toujours prêt à loucher dans la même direction que le président, en l’occurrence sur l’électorat lepéniste, il a eu l’idée de flinguer cette reforme dont, selon lui, les plus pauvres, abuseraient. Wauquiez flingue une réforme non seulement made in Sarko, mais en plus il s’en prend aux salauds de pauvres, ce qui est un slogan toujours très populaire en période électorale.
Mais il a été tout de suite recadré par François Fillon et par Nicolas Sarkozy, aujourd’hui même ?
On retrouve les deux stratégies qui s’affrontent au sein de la majorité depuis des mois entre ceux qui louchent coté FN et ceux qui aimeraient combiner social et rigueur. Sarkozy contre Fillon. Mais Wauquiez en plus, avait oublié que ce mercredi il y a avait un conseil des ministres consacré à la réforme de l’ISF. Et donc il a réussi à tirer cette fois une 2e balle dans le pied de Sarkozy. Car crier sus aux plus pauvres, quand en même temps on baisse les impôts des plus riches, alors que les déficits explosent, c’est très con. On dirait un sketch de Coluche. Car cette réforme de l’ISF, c’est du très spécial. On supprime un cadeau fiscal, le fameux bouclier, le totem du sarkozysme qu’il a mis 4 ans à digérer, mais ce cadeau est remplacé par un autre cadeau, et c’est çà l’astuce, ce cadeau est au final beaucoup plus intéressant que le 1er. D’abord pour la moitié des 600 000 contribuables qui acquittaient l’ISF c’est fini. Il y avait 6 tranches dans l’ISF, elles sont ramenées à 2, ce qui multiplie les aubaines, donc c’est simple les plus riches paieront moins d’impôts.
Pourtant beaucoup de stratèges nous expliquent que l’électorat populaire serait la clé de 2012 ?
Entre ces réformes emblématiques du quinquennat qui passent à la poubelle ou quasi: le bouclier fiscal et le RSA, la mise en cause des plus pauvres, des baisses d’impôts pour les plus riches, alors que les finances de l’état sont exsangues, et que cette réforme va creuser encore le déficit, si vous trouvez une cohérence entre tous ces messages, vous êtes un extra terrestre. Et si en plus, on peut déjà mettre les coyotes anti radar à la poubelle, on ne fera croire à personne que Nicolas Sarkozy en ce 11 mai n’a eu qu’une seule obsession politique: la reconquête de l »électorat populaire !
Auteur:Serge July RTL.fr