Des signes d’essoufflement apparaissent. Si la production de bande dessinée, en nombre d’albums ne cesse ces dernières années de croître – avec plus de 5.000 albums ou intégrales par an – le nombre d’œuvres permettant de faire vivre une galerie n’explose pas pour autant. Si les galeries prennent une marge confortable entre 25-30% et plus souvent 50% du prix de vente au public, elles ont tout de même intérêt à ce que les planches dépassent au moins 1.000 €. A défaut, il faut multiplier les ventes et donc raccourcir les durées d’exposition, ce qui se produit actuellement à l’exemple de LA Galerie, comme le montrera la panorama demain sur les seuls mois de mars et avril 2011.
Il est vrai aussi que les galeristes viennent aussi d’horizon très variés. Anciens passionnés et collectionneurs ayant défriché le marché comme Daniel Maghen ou Bernard Mahé, anciens collaborateurs d’autres galeries comme Pierre-Marie Jamet ou Julien Brugeas, ancien organisateur de festivals et expositions comme Jean-Marc Thévenet et même un chirurgien orthopédiste comme Francis Slomka ou un ancien cadre de l’industrie automobile par ailleurs dessinateur lui-même comme Guillaume Lafon (ci-dessus). En se rendant dans plusieurs galeries, on est parfois confondu par les écarts de professionnalisme.
Le monde des affaires y est tout aussi impitoyable qu’ailleurs. Leurs politiques commerciales diffèrent et l’ambiance entre galeristes n’est pas des plus chaleureuse. Il est rare que la réputation ne soit pas entachée de quelques anecdotes croustillantes que s’empressent de raconter les auteurs, les collectionneurs et les galeristes eux-mêmes sous le seau du secret bien sûr. Cela dit, les auteurs ont intérêt à bien étudier l’offre et la stratégie que propose chaque galeriste avant de lui confier son travail. Il y a certes la marge à voir mais aussi la compétence, le carnet d’adresse, la réputation et la manière de faire vivre le stock sur le long terme.
entouré de Kraehn, Alex Varenne, Sylvain Vallée, Miguel Lalor et Régis Penet
à Paris en 2008 © Manuel F. Picaud / Auracan.com
L’offre est finalement assez variée. Si toutes les boutiques ont en point commun d’accrocher les originaux sur fond blanc régulièrement rafraichi à l’exception de la Galerie Napoléon qui a un mur rouge, les galeries ont des apparences très distinctes avec des salles plus ou moins spacieuses et lumineuses, plus ou moins bien situées. Deux quartiers se sont imposés rue Dante dans le 5e arrondissement et dans le quartier Saint-Paul dans le 4e. Bientôt chaque quartier aura sa galerie à Paris. A Bruxelles aussi des projets s’annoncent. Et c’est sans compter des librairies comme Aaapoum Bapoum, Boulevard des Bulles, Fantasmagories, The Skulls ou Super Héros à Paris et Bruxelles qui proposent leurs expositions-ventes. Pour les amateurs, les vernissages se multiplient et se succèdent souvent le même soir. On y vient pour rencontrer l’artiste ou les copains, parfois acheter, souvent regarder. Quant à la qualité du buffet, c’est rarement très chic. Des efforts sont faits chez les Galeries des Arts Graphiques et Napoléon et dans quelques autres endroits en fonction de l’insistance voire la participation de l’éditeur... Un autre moyen d’attirer le public est d’organiser des séances de dédicaces. Mais les galeristes les plus expérimentés ont abandonné l’idée car le public de chasseur de dédicaces n’est pas le cœur de cible.
lors du vernissage à la galerie des Arts Graphiques rue Dante à Paris
© Manuel F. Picaud / Auracan.com
Conclusion demain...
___________Photos © Manuel F. Picaud / Auracan.com