Il y a une chose qui m'étonne quand je lis les blogues, la presse, que j'écoute la radio ou que je jette un oeil sur les chaînes télévisées, c'est que j'ai souvent l'impression que le grand Satan libéral se cache sous ma couette.
Partout on entend dénoncer les méfaits de l'ultra-libéralisme, ce dernier étant vite assimilé au libéralisme tout court. On veut bien à la rigueur admettre un libéralisme social (comprenez de la permissivité), politique (être à gauche, quoi...) mais pas économique, cela va de soi.
Le Figaro, par exemple, s'étonnait de ce que Bayrou approuve récemment l'aspect qu'il jugeait le plus libéral de la politique de Sarkozy, le statut d'auto-entrepreneur. Le principe est censé favoriser la création d'entreprises. In fine, cela a fait plouf parce que le gouvernement a été incapable de faire preuve d'audace en limitant drastiquement le chiffre d'affaires des auto-entrepreneurs. Résultat des courses, en fait d'auto-entreprise, on s'est contenté de vendre les reliquats de caves et de greniers sur e-bay...Tu parles d'un résultat !
En fait de libéralisme, s'il y a bien un secteur dans lequel on n'entend quasiment jamais les vues des libéraux exposées, c'est bien celui des médias. Côté politique, il y a bien un Jean Arthuis pour oser de temps à autre rappeler que le centre regroupe aussi les libéraux, Bayrou pour appeler les libéraux de progrès, comme il dit, à ses côtés, voire même citer Bastiat, quelques rares membres de l'UMP sur son aile centriste qui se réclament du libéralisme, mais c'est à peu près tout.
Ceux qui se réclament d'un libéralisme intégral n'ont pas voix au chapitre. Leurs idées existent, pourtant, puisqu'ils ont créé le site lesliberaux.fr...
Sur l'immigration, par exemple, il y a de quoi faire bondir la réaction organisée : songez donc, ils souhaitent la bienvenue à tout nouvel immigré sur le territoire français et proclament que l'immigration est une chance. Mais ils assortissent la déclaration d'un addendum de nature à faire glapir en choeur les gauchistes. Pour eux la présence sur le sol Français ne confère pas automatiquement le droit à la protection sociale et à un revenu minimum– seul le paiement de cotisations sociales donne un tel droit sauf situation d’urgence ou humanitaire à titre temporaire.
Sur la fiscalité, j'aimerais bien voir chiffrer leur programme : une flat tax à trois échelons, pas de discriminations selon la source de revenus, suppression totale de toute forme d'impôts sur le patrimoine, suppression de l'essentiel des niches fiscales. Des Koulaks, je vous dis, qui essaient de saboter les acquis de la Révolution, camarades...
Là où on va tous bondir, c'est sur tout ce qui concerne l'assurance sociale : aide-toi toi-même le ciel t'aidera pourait être leur adage. Hop, à chacun d'épargner pour sa retraite ; on ne sait pas trop ce qu'ils veulent faire avec leur panier de soin...Bon, je ne les suis pas vraiment sur ce choix car à l'heure actuelle, il aboutit surtout à envoyer sur la paille tous ceux qui n'ont pas de sous...
Sur l'écologie, ils ont un principe très simple : pas d'incitations fiscales ni de garanties de toutes sortes, en revanche, tu pollues, tu paies, point à la ligne.
Côté transports, je suis en complet désaccord avec leurs propositions. Partout où les transports sont laissés à la libre appréciation du marché et des individus, c'est le bordell. Je ne comprends pas que les libéraux n'apprennent pas des erreurs du passé dans ce domaine. L'époque héroïque est terminée désormais. Aujourd'hui, c'est à des niveaux au minimum régionaux que peuvent vraiment être déterminés les schémas directeurs des principaux moyens de transport.
Les libéraux qui écrivent sur le site des libéraux ne représentent toutefois que quelques courants du libéralisme. Pas John Stuart Mill, par exemple. Ils sont en fait assez proches des libéraux classiques de la fin du XIXème siècle et du début du XXème.
Il existe un forum de libéraux sur lequel on peut croiser une palette plus large, avec notamment des anarcho-capitalistes, des autrichiens (au sens économique du terme) et cetera...
Je crois que nous autres libéraux-sociaux, aurons toujours cette divergence de fond avec les libéraux classiques, qu'aux libertés «négatives» (ne pas entraver la liberté individuelle, comme celle de disposer de sa propriété, de pouvoir s'associer, voter, et cetera...) que nous reconnaissons aussi, nous associons des droits positifs (éducation, santé) qui nous paraissent indispensables pour garantir une liberté authentique.
Nous autres libéraux sociaux ne considérons pas moins que la liberté individuelle est le fondement du bonheur individuel et que l'intervention de l'État n'a que pour seule vocation de la garantir, en aucun cas, à l'instar des socialistes et des sociaux-démocrates, à déterminer notre bonheur à notre place. Bref, on ne veut pas du "Care" cher à Martine Aubry...