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Pédagogie, quand tu nous tiens...

Publié le 12 mai 2011 par Tazar


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Tu n’as pas été sans remarquer, toi qui suis ce blog avec une assiduité inversement proportionnelle à celle d’un député, sénateur européen maire d’un cabinet d’avocat, que j’éprouve une tendresse toute particulière envers les pédagogistes de tout poil. Arriver à parler aussi bien d’un sujet (l’élève dans la classe) qu’ils connaissent aussi peu est quand même la preuve d’un talent hors norme qui force l’admiration.

C’est pourquoi aujourd’hui est jour de fête ! Je viens en effet de recevoir sur mon bureau trois splendides exemplaires d’un ouvrage intitulé sobrement « Le Miroir du débat, l’expression des calédoniens sur leur école ». Il s'agit d'un ouvrage de synthèse de toutes les contributions recueillies lors du Grand débat sur l’avenir de l’école calédonienne, débat qui a tenu en haleine tout le territoire, Maré y compris, durant quelques mois de l’année dernière.

Le genre d’ouvrage savoureux qui éclaire ta journée et peut reléguer l’annonce de la liquidation de Ben Laden au rang de simple anecdote récréative.

Je peux me tromper, mais l’enseignement des fondamentaux, que tu te trouves sur Terre ou sur la planète Pluton, pour être efficace, me semble devoir être prodigué en une langue unique. Français, Nengone, Serbo-croate ou Macédonien ancien, peu importe, mais en une langue unique. Sinon, c’est le bordel, et le gamin, lôngin, y comprend peau d’balle.

A Maré, pour ne citer que la partie de Calédonie que je connais le mieux et où les particularismes locaux sont quand même assez prononcés, le choc linguistique (et culturel) est rude à l’entrée au collège. D’un côté, des élèves qui haussent les sourcils en Nengone, de l’autre, des profs qui s’expriment sottement en Français… L’affaire n’est pas simple.
Cela n'a peut être aucun lien, mais force est de constater qu'un nombre certain de nos petits élèves font montre de certaines lacunes langagières de nature à compromettre légèrement une approche didactique de l’œuvre complète de Marcel Proust.
Heureusement, M. Thélot est arrivé...

M. Thélot, le grand ordonnateur de la cérémonie, avait déjà sévi en métropole en 2004, avec un bonheur certain. Diable, réunir à l'époque 13 000 synthèses en un document unique, ce n’était quand même pas du pipi de chat  à la portée de tout le monde ! J’ai même du mal à m’imaginer, avec mon mauvais esprit habituel, comment cela a été humainement et techniquement possible. Mais cela est une autre histoire…

Partant du principe que l’on ne change pas une équipe qui ne gagne pas 0-0 (A. Jacquet), M. Thélot a donc été chargé, 6 ans plus tard, de reproduire les recettes du succès sur le territoire calédonien. Le moins que l’on puisse dire est que le résultat est éloquent, deux points, ouvrez les guillemets, prenez votre livre page 373 et attachez votre ceinture : « Didactique : faute d’éclairage en L1-L2, l’enseignant confronté au quotidien aux erreurs logiques de l’enfant n’est pas en mesure de lire les multiples stratégies mises en œuvre. A l’inverse, des matériaux élaborés en langue maternelle peuvent s’avérer catastrophiques dès lors qu’ils sont fondés sur une conscience nominative intériorisée. Didactiviser, c’est s’inspirer de ce que propose le milieu mais c’est aller au-delà de l’implicite, chercher derrière la variation, trouver le principe qui régit les savoirs autochtones et calédoniens, les clefs de compréhension sociales et vernaculaires, locales et classiques, s’il y a peu d’outils en langue qui sont importés. Mais l’essentiel réside dans l’utilisation d’outils heuristiques, conceptuels et instrumentaux qui permettent un travail efficace sur les notions et concepts. » (in Le Miroir du débat, page 373).


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