François Fillon tente bien de resserrer régulièrement les boulons et remettre un peu d’ordre dans la majorité mais rien n’y fait. Lors de la réunion hebdomadaire des députés UMP le Premier ministre a indiqué qu’il était d’accord pour un “vrai débat” mais qu’il “y avait des limites au débordement entre membres du gouvernement“. Il y a peu de chances toutefois qu’il soit entendu.
Il faut reconnaître que Nicolas Sarkozy lui-même cultive l’ambiguïté en prononçant des mots que le mouvement de ses lèvres dément. L’Elysée tance Laurent Wauquiez pour une audace qui n’a pu qu’être autorisée par le Château lui-même en sous main. La ficelle est grosse. L’agence Reuters fait cite ainsi une source gouvernementale selon laquelle “Laurent Wauquiez est quelqu’un de trop carriériste pour s’aventurer tout seul“.
Il y a assurément du Machiavel chez un Nicolas Sarkozy qui donne l’impression de décliner à la lettre les dix stratégies de manipulation des masses formalisées par Noam Chomsky. Après la stratégie de la diversion par la distraction, l’appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion, le maintien du public dans l’ignorance et la bêtise, l’encouragement du public à se complaire dans la vulgarité, Laurent Wauquiez ouvre un nouveau volet : remplacer la révolte par la culpabilité.
Fin stratège à l’extérieur, Nicolas Sarkozy donne l’impression de ne pas avoir la même maestria pour tenir ses troupes. Le chef de l’Etat récolte aujourd’hui abondamment les fruits de sa stratégie qui consiste à diviser, à opposer les uns aux autres pour mieux régner.
L’actualité n’est qu’une succession d’opinions divergentes, souvent contradictoires, au sein d’une majorité présidentielle traumatisée par la montée en puissance du Front National toujours plus attractif pour ses électeurs et ses militants.
Cette cacophonie n’émeut pas Jean-François Copé, candidat déclaré pour 2017, qui soutien le président sortant comme la corde le pendu. Laisser se déchirer l’UMP et prendre le risque de la voir éclater c’est la meilleure façon de déboulonner la statue de commandeur de Nicolas Sarkozy.
La recomposition de la droite est en cours et prend peu à peu forme. L’alliance de l’ex RPR avec l’ex UDF appartiendra bientôt au passé. Le déplacement du centre de gravité politique en Europe vers l’extrême droite amène la droite bonapartiste française à se rapprocher inexorablement d’un Front National devenu fréquentable depuis que Marine Le Pen en a pris les rênes. Quand le député-maire de Meaux revendique une formation politique sans tabous et apporte son soutien à Laurent Wauquiez en rejetant “les procès d’intention excessifs”, il ouvre ce chemin.
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