Lagarde, impériale

Le Canard enchaîné de ce mercredi 11 mai a détourné un vers de Victor Hugo qui se trouve dans le livre IV des Châtiments, dans la partie intitulée L’expiation, un peu après le célèbre Waterloo, Waterloo. Le voici :

"La garde impériale entra dans la fournaise". J’ai emprunté sa trouvaille pour le titre de ce billet.

Hier, le procureur général de la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, a demandé à la Cour de justice de la République de mener une enquête sur la décision de Catherine Lagarde de confier la résolution de l’affaire opposant Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais à une cour arbitrale. Lorsque le jugement accordant 285 millions d’euros à Bernard Tapie avait été rendu, la ministre s’était refusée à déposer un recours en annulation contre la décision prise. Le parti socialiste avait alors parlé d’un copinage d’État.

Madame Lagarde avait été interrogée le 29 juillet 2008 au 19/20 de France 3 par une journaliste particulièrement pugnace qui lui avait demandé : « Est-ce que ce soir vous pouvez affirmer que Nicolas Sarkozy n’est pas intervenu dans ce dossier ? » La ministre répondit « Est-ce que vous croyez que j’ai une tête à être copine avec Bernard Tapie ? Point numéro 1». Ceci n’est pas une réponse Ce que nous croyons n’est pas en question. Ce qui compte, ce sont les faits. Et on peut remarquer qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une tête à quelque chose pour se permettre quoi que ce soit.

Toujours dans la même veine, Christine Lagarde poursuivit ainsi : « et est-ce que vous pensez que j’ai reçu des instructions pour protéger ? Non ». A nouveau, elle s’appliquait d’abord à éluder la question. Peu importe ce que nous pensons. L’important, c’est de savoir s’il y a eu intervention ou non. Et il faut bien reconnaître que n’est guère convaincant le non qui intervient après les questions qu’elle a lancées pour différer le moment d’une réponse.

Espérons maintenant que la Commission des requêtes de la Cour de justice de la République tranchera en faveur de l’ouverture d’une enquête.