Ana est habillée en jogging rose, une raie tatouée brille sur ses cervicales tendues, elle a coupé ses cheveux à longueur d'oreille comme pour me prouver son élan de sororité. Chaque matin au centre de rééducation de Kerpape, j'ai droit au grand sourire d'Ana.
La première fois que j'ai vu Ana, elle était au bout du chemin de randonnée sous le soleil endimanché, halo rose sur mer moirée, silhouette tentant l'autoportrait à la manière d'une Frida Kahlo qui aurait mangé de la noix de coco dès le berceau. Une Frida Kahlo heureuse...
Nous sommes tous français mais nous ne sommes pas égaux.
Ana et son jeune corps meurtri me le prouvent tous les jours. Elle a cette force qui attire l'énergie, cette lumière qui jaillit malgré la maladie, attise la bonté, réhausse la noblesse.
Chaque matin, je vois les belles jambes frêles d'Ana et je songe aux rêves qu'elle vu s'envoler tâtant du regret, de la colère, de l'injustice, rêvant de revanche, de justice et de jugement dernier.
Je sens tout cela d'Ana dans son sourire du matin qui dit la victoire de la confiance sur la tristesse, l'élan de l'avenir sur le regret.
Quand je vois les aides-soignants sourire à Ana, je comprends pourquoi les français aiment leur polynésie, pourquoi ils la chérissent, joyau de contentement, fragile équilibre d'un rêve réalité.
Nous avons, nous maoris, enfants d'Océanie cette confiance en la vie qui nous rend naturellement heureux, une joie simple, un élan de vie que certains comme Sidney (prénom prédestiné) nourrissent en créant la première télévision en marquisien: www.ilesmarquises.tv
Il fallait un lorientais d'origine congolaise pour se lancer ce défi...La diversité dont tous dissertent, c'est dans cet échange que nous la vivons, que nous la réinventons. Nous sommes français d'amour, libres de créer, de se soigner, d'éduquer, de bien nous nourrir.
D'autres arrêtent le monde, le temps et nous en font profiter. Titouan L. nous prépare un beau cadeau de Noël. Ceux qui sont sages et savent patienter, verront comme la vie est pleine de belles surprises.
Allons, allons profiter de cette pleine vie qui remplit l'outre du voyageur et l'esprit du rêveur.