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Mieux vaut savoir où l’on va que de savoir d’où l’on vient.

Publié le 11 mai 2011 par Naceur Ben Cheikh

Mieux vaut savoir où l’on va que de savoir d’où l’on vient.Lors de sa  première conférence de presse qu’il a tenue en tant que Premier Ministre du Gouvernement de transition, Monsieur Mohamed Ghanouchi, devait signifier clairement que la situation à laquelle les Tunisiens étaient confrontés n’était pas des plus rassurantes ni particulièrement stabilisée. Le flou qui plane jusqu’à aujourd’hui sur le déroulement  effectif des événements que ont eu lieu en cette après-midi du 14 Janvier 2011 et les conditions dans lesquelles le pouvoir suprême a été déclaré vacant pour abandon de son poste par le Président  de la République en exercice, semblent totalement absents des données que l’on devrait prendre en compte, dans la compréhension possible de l’attitude du gouvernement à l’égard du problème sécuritaire. Un problème dont beaucoup, parmi les nouveaux politiciens (comme on dit les nouveaux riches) ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre le caractère  particulièrement spécifique.

Tant que l’on n’aura pas réalisé que ce flou originel qui caractérise l’avènement de notre révolution pacifique, est l’une des composantes qui lui donnent son aspect inédit, original, et « surprenant », on continuera  à  la sous analyser, et à s’empêcher d’en comprendre la nature. Monsieur Mohamed Ghanouchi, devait réitérer sa mise en garde, lors de son allocution de démission, en avouant que la raison de son départ  résidait dans le fait qu’il n’était, personnellement, pas capable de donner un quelconque « ordre de tirer ». Ce qui ne signifie surtout pas qu’il l’entendait dans le sens d’user  d’armes à feu pour faire lever le siège dont  son ministère était l’objet de la part  des « Kasbagis ». Il faisait, en fait discrètement allusion, aux risques réels d’effusion de sang, auquel le pays était encore confronté. Ce dont il s’agissait, concernait ce « flou d’origine » qui devrait être sauvegardé, pour « raison d’Etat » même en situation révolutionnaire. Les conditions de clarification possible étant d’abord tributaires de ce flou même dans lequel se négocie encore le caractère pacifique de notre révolution. Car c’est bien grâce à ce caractère imprécis, voulu vague et surtout pas claire que la révolution a « pacifiquement cueilli » le pouvoir, sans être obligée de l’arracher par des déchirements violents qui auraient pu atteindre  les proportions auxquelles nous assistons en Syrie, pour ne pas parler de nos voisins du Sud.

Il y a donc lieu de souligner l’importance de ce qui se passe  dans  cette zone d’ombre et qui ne peut être révélé, maintenant, au grand jour, sans  que cela nuise  à ce flou originel salvateur et qui jusqu’ici a permis au gouvernement de transition de protéger notre révolution de ce qui pourrait nuire à sa réalisation souhaitée. Laquelle réalisation  ne pourrait devenir effective, qu’après la transformation démocratique en  pouvoir démocratique du processus révolutionnaire engagé. Car, comme l’a rappelé Mr Béji Caïd Essebsi, dès son arrivée au pouvoir de transition, « la révolution n’est pas la démocratie ». Et j’ajouterai  après lui que la révolution ne peut acquérir de sens véritable que dans la mesure où elle permet l’instauration de la démocratie.

Car le fait de séparer la révolution de ses « finalités démocratiques » comme le font  les membres de ce  conseil pour la  » sauvegarde des intérêts et des fins ultimes de la révolution », fait planer le flou, non pas sur les origines de cette dernière mais  au niveau de sa finalité. Ce qui la rend vulnérable et susceptible d’être détournée par n’importe quel Kadhafi en puissance, dont le caractère « révolutionnaire » de sa troisième théorie mondiale » tire sa spécificité du discrédit qu’il jette sur le mode de gouvernement démocratique lui-même.

Le fait même que notre révolution, n’a pas d’origines idéologiques précises nous donne une chance historique de l’investir dans la réalisation raisonnée d’un régime démocratique à la mesure de nos attentes et qui se résument dans la concrétisation, toute  humaine, des idéaux de liberté, de dignité et de justice, nécessaire à toute vie en démocratie. Car contrairement à ceux qui « idéologisent »  la révolution, je ne pense pas qu’il serait souhaitable de soumettre sa réalisation à des finalités autres que celles qui consistent à garantir les conditions les meilleures possibles de la gestion politique de nos affaires en vue de permettre à notre peuple d’être performant, dans sa participation active à l’histoire actuelle de l’Humanité.

Naceur ben cheikh


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