Que le goulag sud-africain dresse sa silhouette obscène au beau milieu des banlieues blanches et que l'air que respirent les Truscott soit passé par les poumons de mécréants et de criminels ne manque pas d'ironie. Mais pour les barbares, comme l'a souligné Zbigniew Herbert*, l'ironie est comme le sel : cela crisse sous la dent avec une saveur éphémère ; cette saveur disparue, il reste la brutale réalité. Que faire de la brutale réalité de Pollsmoor lorsqu'on ne jouit plus de l'ironie ?
A développer : les fourgons cellulaires qui passent par Tokai Road pour aller vers les tribunaux ; des visages entrvus, des doigts accrochés au grillage des fenêtres ; ce que racontent les Truscott à leurs enfants pour expliquer ces mains et ces visages, où se lit tantôt le défi, tantôt le désespoir. "
J.M. Coetzee : extrait de " L'été de la vie " Seuil 2010
*http://fr.wikipedia.org/wiki/Zbigniew_Herbert
http://www.lesinrocks.com/livres-arts-scenes/livres-arts-scenes-article/t/50596/date/2010-09-12/article/lete-de-la-vie-magnifique-autoportrait-de-jm-coetzee/