Wild Beasts
Smother [Domino]
Mai 2011
J'ai été tenté de comparer Smother à ses deux prédécesseurs, Limbo, Panto et Two Dancers. Ils m'avaient percuté et auraient mérité trois resplendissantes étoiles. Pourtant, chaque nouvel album de ce quatuor anglais est une réinvention quasi-intégrale de leur style ; je ne vais donc pas jouer au nostalgique. Hayden Thorpe a d'abord chanté comme une bête de foire ; désormais, son chant est d'une grâce absolue. Sa voix unique navigue entre cieux et abysses, à la manière d'un grand oiseau blanc. Un Albatross, sûrement ; un grand moment de l'album, dont le clip est absorbant. Smother n'a rien à voir avec ce que vous connaissez des Wild Beasts, car il ne bouge pas. Il oscille : les rythmes lents et doux ne perdent jamais leur tempérament. Les morceaux sont cycliques et constants – je n'ai pas dit « monotones » – et si vous comptiez passer l'été avec Smother dans les oreilles et votre numéro spécial sexe entre les mains, alors vous avez tout faux. Je vous conseille d'être en intimité totale avec ces chants de l'au-delà. Laissez-vous envelopper par l'aura sonore ; vous serez apaisé, comme bercé par le bruissement des vagues et la douceur du vent. Si Smother est moins riche que ses prédécesseurs, son ambiance est fascinante. Les Wild Beasts nous prouvent une fois de plus que leur art est libre et absolument unique.♫♪