Une peste inconnue ravage la capitale d’un petit archipel. Les gens se tordent, bavent, deviennent fous et s’entre-tuent. Pour arrêter l’épidémie, les prêtres ont décidé de purifier la population dans de gigantesques brasiers. Mais est-ce bien une peste ?
Il y a longtemps, une vieille femme racontait des histoires venues, comme elle, de l’autre côté de l’océan, des histoires sur des dragons qui apparaissaient, la folie qui les suivait et les chevaliers qui les combattaient, parfois jusqu’à la mort.
Cette folie, la vieille femme l’appelait le Veill…
Il ne me coûte rien de le dire : je lis de moins en moins de BD ; les séries à rallonge, en effet, mettent à l’épreuve ma patience et épuisent mon porte-monnaie, ce qui me fait regretter ce temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître et où des productions laissèrent une empreinte indélébile en tenant pourtant en un seul tome – trop souvent, hélas, plus c’est long et plus c’est con… Pour cette raison, je suis passé à côté de la série de La Geste des Chevaliers Dragons, lancée en 1998 et toujours en cours bien que chacun de ses tomes puisse se lire comme un récit indépendant des autres ; une autre raison, bien plus personnelle, tient dans ce que je suis très peu fan d’héroic fantasy…
Scénarisé par Ange, comme les autres volumes de la série, et illustré par le très talentueux coréen Dohé, hélas mal connu par chez nous, Chevaliers Dragons se présente comme un tome hors série et s’affirme donc comme une introduction à La Geste… pour les néophytes. Fragment d’un tout forcément bien plus vaste, ce récit s’avère de longueur très correcte mais surtout original dans le classicisme de sa facture : si reste assez convenu le concept du dragon comme force obscure responsable de la désolation de la terre et de ses habitants, il se montre ici sous un jour inhabituel en présentant un chevalier dragon certes femme mais qui doit son immunité contre le mal à sa virginité – autre élément classique de ces récits moyenâgeux riches en tueurs de dragons, ici présentée de manière inhabituelle.Sur le plan artistique, on regrette que Dohé se montre trop timide dans son style graphique aux assez nets accents expérimentaux mais hélas bien trop sous exploités. On apprécie néanmoins ce mélange d’aquarelles et de crayonnés, de traits et de pastels,… bref, une maîtrise bien peu commune des formes et des couleurs comme des compositions, qui sait flatter l’œil avec intelligence et finesse. Rien que pour cet aspect, Chevaliers Dragons vaut bien le détour.
Pour le reste, et si les plus férus d’entre vous en matière d’héroic fantasy regretteront peut-être la brièveté du récit, force est de constater que ce hors série sait se montrer efficace dans le sens où il donne vraiment envie d’en savoir plus. Bien plus, même…
Chevaliers Dragons, Ange & Dohé
Soleil Productions, collection Fusions, janvier 2007
58 pages, env. 14 €, ISBN : 978-2-849-46710-7