Les membres de la direction du principal parti de l'opposition camerounaise, le Social Democratic Front (SDF, Front Social Démocratique), passent à l'offensive. Et ils demandent au président national de leur formation, Ni John Fru Ndi, de « prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher la tenue de la prochaine élection présidentielle au Cameroun ».
Leur prescription fait partie d'une résolution en quatre point, prise lors de la réunion du Comité exécutif national (NEC) du parti, tenue les 7 et 8 mai à Bamenda, région du nord-ouest du Cameroun. La secrétaire national à la Communication du SDF, Beatrice Anembom Monju, a nié l'idée d'un boycott de la prochaine présidentielle, tout en reconnaissant mardi que son parti avait décidé de « reporter à une date ultérieure la tenue de ses congrès ordinaire et extraordinaire à cause de la gravité de la situation ». En clair, le SDF ne va pas, pour l'instant, désigner un candidat pour le scrutin.
Pressions sur Elecam
En principe, l'élection présidentielle doit se tenir au mois d'octobre 2011 au Cameroun. Dans cette perspective, le SDF, qui compte 14 députés sur 180 à l'Assemblée nationale, veut « continuer la lutte pour la mise en place d'un organe indépendant capable d'organiser des élections crédibles au Cameroun ». Les pressions de ce parti sur l'actuel organe électoral, Elections Cameroon (Elecam), avait déjà vu la composition de cet organisme passer de 12 à 18 membres, suite à un amendement introduit par le gouvernement du président Paul Biya.
Jean-Michel Nintcheu, député SDF à l'Assemblée, estime qu'Elecam, dans sa composition actuelle et malgré les retouches, reste une caisse de résonnance du parti au pouvoir, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). Le Comité exécutif du SDF a donc mandaté son président, Ni John Fru Ndi, pour sensibiliser les Camerounais à se tenir prêts pour des mots d'ordre éventuels.