Dans ce carnet d’impressions qui court du 27 octobre au 13 juin, il parle aussi de l’éternelle présence des collines, des sources et du printemps, de la petite place de Manosque (où nous avons pris ensemble la tasse de café du bavardage matinal et de la belle clarté non encore consumée du matin d’été), des thèmes abordés dans ses livres, l’écriture en prison, les aventures réservées par la vie, l’école, la nature, les livres, (ceux de Giono qui sont remplis d’arbres et de personnages en bois) les films, le printemps, les lieux où l’on se baigne, les lieux où l’on mange, et les femmes, inévitablement les silhouettes des femmes...
Il y en a quatre types chez René : d’abord et avant tout, la figure tutélaire : la mère, à qui il a consacré son livre bouleversant « Elle danse dans le noir ». Sa mère, c’est la complice de toujours qui veille sur l’enfant grandi et qui l’accompagne partout dans les rues de Manosque et dans les souffles de la nature. Cette femme est la gardienne du jardin enchanté, le refuge contre ses camarades d’école qui le surnommaient à cause de sa myopie « quatre œil » ou « Malbichu » comme il le confie dans le Voleur d’innocence. (Extrait)
La seconde femme, c’est la fille adorée par le père qui l’élève. La fille protégée, vulnérable, dont l’image oscille entre les différents âges, du bébé à l’enfant de l’école, de l’enfant de l’école à l’adolescente. L’appartement du narrateur est désormais empli du bruissement de l’enfant chéri livré à la menace du monde.
La femme élémentaire, dont la grâce et la douceur renvoient au pays de Manosque (pour cela, il la surnomme « la fiancée des corbeaux », celle dont la modestie « plaît aux arbres et aux oiseaux »). Elle est le prolongement de la mère. Il s’agit d’une institutrice qu’il fréquente et qu’il prend plaisir à regarder vivre dans le cadre de ses collines...
Enfin la femme fauve, celle qui saisit et captive par la force d’attraction de son corps et son érotisme affolant. La féline est partout, elle met le feu au désir, témoin la valeur métaphorique de cette scène récurrente de « la meurtrière », « fenêtre sur cour » par laquelle le narrateur plonge son regard sur les ébats de ses voisines.