Il y avait foule ce samedi, Place de la République, aux alentours de 19h, pour l’inauguration de la douzième édition du Festival Passages. Ce Festival de théâtre, né en 1996, à l’initiative de Charles Tordjman, qui avait l’habitude de s’installer à Nancy, prend, pour la première fois de son existence, possession de notre nouvelle place. Toute l’équipe du festival a mis moins d’une semaine pour installer le campement qui compte trois chapiteaux, deux restaurants, une salle d’exposition photo et une salle de concert.
Par ce beau temps, une inauguration en plein air aurait été de mise. Mais pour coller au plus près de l’esprit de ce festival, celle-ci a eu lieu au sein d’un chapiteau où le public avait pour seule possibilité de s’asseoir à même le plancher. Les officiels ont pris, tour à tour, la parole. Etaient présent Charles Tordjman, directeur du festival ; Dominique Gros, maire de Metz ; Aurélie Filippetti, députée de Moselle ; Denis Jacquat, conseiller général de Moselle ; Thibaut Villemin, conseiller régional de Lorraine et Mathieu Klein, conseiller général de Meurthe-et-Moselle. Après une brève introduction, Charles Tordjman laisse la parole à Dominique Gros qui exprime « le bonheur » qu’à la Ville de Metz à accueillir ce festival car, pour lui, « Metz a une faim de théâtre depuis 1976 ». Pour Mathieu Klein, Passages est le moyen de « réhabiliter une population » qui habituellement fait peur dans l’imaginaire collectif. Charles Tordjman reprend la parole pour conclure cette inauguration. Pour lui, Passages est « une réconciliation avec le théâtre de masse ». Il rend hommage à la ville de Metz pour son accueil et explique que cela permettra à Metz « de se faire connaitre à travers le monde », de part les 15 langues et les 350 artistes présents venant d’Europe de l’Est mais aussi de Turquie, d’Israël et d’Italie. Il compare Passages à « un système d’irrigation » car il est un moyen de faire connaître des artistes qui n’ont quasiment jamais franchi les frontières de l’Europe de l’Ouest et qui, de part son rayonnement, joueront dans d’autres villes de France et d’Europe. Il termine son discours en indiquant qu’ « à ce jour, déjà 80% des places ont été vendues » et qu’il n’avait « jamais vu ça auparavant ». De nombreux applaudissements retentirent, et les officiels laissèrent la place au groupe DakhaBrakha pour un concert gratuit.
Avant que le concert démarre, la foule pouvait se restaurer en participant à un barbecue géant et se désaltérer. J’ai pu flâner dans le campement et prendre le temps d’observer les deux expositions du photographe ukrainien Igor Gaïdaï. :
- Les sorcières de Kiev rassemblent plusieurs photographies montrant de jeunes femmes nues, pour certaines maculées de paille et de boue, chevauchant un balai et sautant en l’air. L’artiste considère ce projet comme féministe : en effet, dans une société à tendance masculine, il a souhaité réaliser une série de photographie consacrée aux femmes. Mais pourquoi intitulé cette série les sorcières de Kiev, me direz-vous ? Tout simplement, parce que la sorcière concentre toutes les qualités de la femme (en ukrainien, saman, signifie celle qui porte une très haute connaissance).
- Ensemble réunit quelques-uns de ses clichés en format scope (trois mètres sur un). Chacun de ses clichés montrent un ensemble de personnes (personnel d’usine, population d’un internat, …). La technique employée par le photographe permet de s’attarder sur chacun des visages, sur chaque expression des participants qui posent pour lui. L’intérêt n’est pas le groupe en tant que tel mais chaque individualité qui le constitue.
Un demi heure, après la fin des discours, débute le concert du groupe ukrainien DakhaBrakha (qui signifie en ukrainien ancien « Donner/Prendre » : les membres du groupe puisent l’énergie musicale dans leurs racines pour donner de toutes sortes d’émotions à leur public). Le groupe se définit comme ethnos–chaotique car leurs morceaux mêlent, à la fois, chants polyphoniques et voix bulgares à différents styles de musique. Deux femmes en robes longues blanches portant toutes deux de hautes coiffes et un homme tout de noir vêtu arrivent sur scène. Le concert démarre par un morceau de percussions accompagné du chant cristallin des deux femmes. Par la suite les morceaux s’enchaînent et les chants s’accompagnent tantôt d’accordéon et de violoncelle tantôt de percussions traditionnelles. Je vous invite à découvrir ce groupe transcendant via leur myspace: : http://www.myspace.com/dakhabrakha. Un groupe qui fera, sans doute, parler de lui très prochainement.
Prochainement, je vous parlerai des deux spectacles qui ont attiré mon attention : OBLUDARIUM des frères Forman et HAND STORIES du chinois Yeung Faï.
Festival Passages
Place de la République (et autres lieux culturels de Metz)
7 au 21 mai 2011