Voici trois propos pour une action citoyenne. Citoyenne c’est-à-dire appelant au respect de l’éthique toujours et partout. L’état, la politique, la religion ne peuvent faire exception.
I- Opportunité règlementaire pour modifier la constitution
Le président de la république convoque le congrès pour inscrire l’interdiction de la peine de mort dans la constitution. Nous avons là une occasion inespérée de mobiliser pour la citoyenneté. Pas même besoin d’un nouveau numéro de république.
Un congrès a le pouvoir de modifier la constitution. Citoyennes, Citoyens, nous pouvons former une majorité. Non pas de "non", mais de "oui". Exerçons une pression légitime sur les parlementaires réunis à Versailles pour les décider à innover. Beaucoup veulent un parlement renforcé dans son rôle de bâtisseur de la loi contre un présidentialisme monarchisant. Bientôt des dynasties comme aux USA est-ce cela que nous voulons ?
Les mots ont un pouvoir
Cette direction suppose d’abandonner (au moins jusqu’à la fin du congrès), non les idées de justice, de vérité, d’égalité, de liberté, de fraternité, de solidarité, d’honnêteté, de laïcité, etc... mais d’abandonner des mots qui nous sont chers. Des mots qui, pour diverses raisons regrettables mais historiques, ne font pas ou plus consensus ; je pense à communisme, socialisme, gauche, droite, centre, gaullisme, libéralisme. Notons aussi qu’écologie, antilibéralisme et même révolution (voir les dires de Jacques Chirac) sont des mots récupérés par nos démagogues.
Mettons-nous dans l’esprit de la déclaration des Droits de 1789, dans celui de 1946 au sortir de la guerre ou même dans celui de 1958. Puisque c’est le texte en vigueur, partons de là.
Centrons-nous, simples citoyens, collectifs et groupes désorientés, sur notre constitution actuelle. Formulons des propositions de modifications courtes. Cet effort peut nous aider à nous rassembler avant des présidentielles ouvertes à des risques de déchirement du pays.
Une constitution sur l’essentiel du bien commun sera une référence pour l’Europe.
Si vous prenez des initiatives de réunions dans ce sens, cette activité développera - localement la démocratie citoyenne, - dans chaque circonscription, une meilleure (s)élection de députés (voir point II) plus conscients de leur responsabilité - en France, une présidence plus consciente de ses limites.
II- Faire cesser l’inadmissible Insister auprès des candidats aux présidentielles et aux législatives (leur réaction sera un tri) pour qu’ils dénoncent une pratique observable actuellement dans les rangs de l’UMP et du PS. Ce ne sont pas des cas rares. Manoeuvres des appareils UMP (par exemple 1ere du Cantal) et PS (Hérault ou Aude, je ne sais plus) pour imposer des candidats parachutés ou soumis contre l’avis des militants de base PS et UMP.
Il y a là une démarche grossièrement contraire à la démocratie. En démocratie, c’est la base qui doit choisir son candidat et non l’inverse.
Affaiblir le parlement, se fabriquer une majorité de "godillots" voilà une perversion du présidentialisme. N’oublions pas que le calendrier qui prévoyait législatives puis présidentielle a été inversé par simples décrets d’un premier ministre. Résistons à ces pratiques qui concernent tout l’éventail des organisations.III- Philosophie de la laïcité : Vers une laïcité pleine et entière
Philippe Val de Charlie Hebdo a déclaré dans Interactive sur France-Inter que les religions ne sont que des opinions et j’en suis d’accord. Pour être complet, il faut aussi dire que l’athéisme est objectivement une opinion ; comme les religions.
Il existe un athéisme professionnel, déontologique, nécessaire au chercheur qui travaille dans son laboratoire, à son observation. Mais dès qu’il quitte cette fonction, le chercheur devient un citoyen comme les autres. En dehors de sa spécialité, il n’a pas d’éclairage particulier sur ce qu’est dans son fond la Nature, le Cosmos.
Chaque chercheur peut recueillir le témoignage de l’ensemble de ses confrères : effectivement aucun ne trouve Dieu dans son travail. Ce résultat est logique puisque leurs observations portent uniquement sur la matière. Cette insaisissabilité matérielle n’est pas preuve de l’inexistence d’une Divinité créatrice.
L’athéisme scientifique est une posture professionnelle. En faire une position publique est un abus de langage, une privatisation de la laïcité. L¹athéisme scientifique devient une position intime ou communautaire, lorsque un ou plusieurs choisissent librement d¹affirmer que seule la matière existe. On peut se dire Athée à titre privé ou à titre communautaire (les Chrétiens furent traités d’Athées parce qu’ils ne croyaient pas aux Dieux de la cité) pas à titre public. L’athéisme technique de la science ne doit pas être confondu avec l’Athéisme choisi par telle personne ou tel groupe. Cet Athéisme est une croyance, une opinion respectable ; et comme les autres Croyances improuvables.
Devant la part de mystère que conserve l’univers malgré nos savoirs, tous les Humains sans exception sont dans le manque. La position qu’ils prennent reste métaphysique, partiellement ignorante. Elle touche, inévitablement, à une forme de croyance.
Pour devenir pleine et entière, la laïcité doit garder sa balance égale face à toutes les métaphysiques ou spiritualités. Plus facile à dire qu’à faire !
Chacun, évidemment, a la sensation que sa position spirituelle ou métaphysique est la bonne, la meilleure ou la plus fondée... sans quoi il changerait d’opinion.
L’effort pour devenir moins intégriste de sa propre croyance, de son propre engagement est un effort moral qui concerne tous les Humains.
Je ne peux pas changer de force ou par la ruse l’attitude d’un autre, d’autres (ou c’est la guerre, une forme de guerre larvée). Chacun ne peut que changer sa propre attitude. Et parfois l’autre, librement, peut changer.
Cordialement et citoyennement
Michel Portal