Avant de démarrer et pour prévenir à l’avance certains commentaires déplaisants, je précise qu’il s’agit d’un « billet » exprimant une opinion personnelle, que je ne souhaite juger personne ici, mais juste apporter une réflexion subjective, et non une vérité incontestable.
Les motivations des bio-vores Nous avons tous autour de nous des personnes qui ne jurent que par le bio, et je leur ai souvent demandé pourquoi elles mangeaient « bio », ou encore de m’expliquer ce qu’est le « bio ». A la première question "pourquoi", une réponse souvent produite est : "parce que c’est meilleur à la santé" ; à la seconde question la réponse classique est : "se sont des produits respectueux de l’environnement". Enfin en creusant un peu, on arrive souvent sur un terrain politique, avec une idée de lutte pour la liberté individuelle, de protection du monde rural contre les grands groupes agroalimentaires. Exemple : le groupe Monsanto, que je ne porte vraiment, mais vraiment pas dans mon cœur, mais qui pourrait en France faire office de nouveau BenLadden, entendez par là une figure du mal absolu. Résumons nous, il y a au moins 3 motivations à la consommation Bio : la santé (motivation individuelle), l’environnement (motivation écologiste altruiste), la défense d’une idéologie à priori humaniste (motivation politique).
3 bonnes raisons… ou pas !
- La santé : Je ne suis pas spécialiste, mais apparemment le nombre d’études effectuées ne permet pas de dégager un effet significatif. Les études sont cependant complexes à mener, surtout sur le long terme, d’autant que manger bio est souvent corrélé à un meilleur équilibre alimentaire à mon avis (plus de fruits et légumes par exemple). Pas d'argument irréfutable sur ce point donc. Je laisse volontairement la question du goût de coté car ça n'est ni l'objectif premier, ni une exclusivité du bio …
Les effets pervers du bio. Bref, vous l’avez compris, je ne suis pas convaincu. Mais ces derniers temps j’en viendrais presque à militer contre le bio, en réfléchissant et en comprenant les effets pervers qu’il peut avoir, sans que les consommateurs en soit conscients.
- Un retour de l’irrationnel : Le « bio » véhicule l’idée d’une nature bienveillante, favorable à l’Homme, voir en « connexion spirituelle » avec lui. Cette vision se construit en rejet des aspects techniques et scientifiques, considérés quelque part comme l’origine du mal, alors que c’est peut-être là qu’est la solution.
- Excès du principe de précaution : se méfier de tout est-il bon à la santé ?? Probablement pas, le stress et la peur de la maladie gâchent parfois la vie de certaines personnes, à tel point que l’on peut se demander si cet état de méfiance perpétuel face à la nourriture n’est pas nuisible en lui-même. Et quand ces craintes sont utilisées comme argument commercial, on ne peut que s’insurger.
- Nourrir l’humanité ? Question tabou à priori chez les « biovores », bien conscients d’être des privilégiés le plus souvent. Mais est-ce moral de diminuer la production mondiale pour manger du bœuf bio, nourrit avec du blé bio, au risque d’affamer une partie du monde ?
- Reine des abeilles, et ouvrières : les castes alimentaires chez l’Homme ? Manger « bio », c’est accepter l’existence d’une nourriture « non-bio », et si le bio prouve ses effets positifs sur la santé, cela revient à dire que l’alimentation conventionnelle est mauvaise pour la santé. Avec le développement du bio, les critères de qualité du non-bio vont probablement régresser puisque ces deux modes de consommation ne sont pas en réelle concurrence l’un avec l’autre : "Puisqu’il existe une nourriture réputée saine, on peut se permettre de diminuer la qualité de la nourriture réputée mauvaise". On créé alors une alimentation à deux vitesses, reflet d’un rang social, voir d’une caste. Est-ce moralement acceptable ? A tous les privilégiés qui mangent bio, souscrivez-vous à cela ? De fait, en mangeant bio, c’est bel et bien le cas.
Pour conclure, je ne nie pas l'intérêt qu'il y a à ce préoccuper de notre alimentation, je ne nie pas non plus, que certains acteurs de la filière bio sont sincères dans leur démarche, mais à mon avis cette solution n'est pas la bonne. En l'absence d'alternative evidente, je comprends que l'on puisse se tourner vers le bio même si ce n'est pas mon cas, et je ne peux qu'inviter chacun à réfléchir, à innover. Avec un marché de 3,3 milliards d’euros par an en France, le « bio » est un produit du capitalisme caché derrière le masque de la moralité et de l’écologisme. S’il peut avoir des effets bénéfiques pour l’environnement, peut-être faut-il examiner si ces bénéfices ne sont pas compensés par des effets pervers pour nos sociétés bien plus importants? Le débat est ouvert…
Quelques coupures de presse pour nourrir le débat: Sur les bénéfices du bio pour la santé : le figaro.fr Sur le quinoa: libération.fr Sur le coût du bio: la dépêche.fr
Et je termine par une illustration de l'excellent Martin Vidberg, dont je vous invite à suivre le blog: l'actu en patates : http://vidberg.blog.lemonde.fr/
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