Le socialisme est un cancer

Publié le 10 mai 2011 par Copeau @Contrepoints

Le socialisme est un cancer

Panique dans les médias, dans le microcosme des journalistes, des bienpensants, d’une blogosphère largement acquise aux idées degoche : Wauquiez s’est lâché au cours d’une émission de BFM TV et a qualifié l’assistanat de cancer. Gloups !

C’est vrai qu’il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, le petit Wauquiez ! Qualifier ainsi l’assistanat de maladie bien désagréable dont le taux de mortalité est élevé, c’est un peu éclabousser ses bénéficiaires et leur faire porter la lourde charge d’être les cellules cancéreuses d’une société par ailleurs en déliquescence avancée…

Une telle hargne dans le propos, on dirait presque, de loin, que Laurent s’agite pour des raisons électorales ! Oh, non pas que je puisse imaginer qu’il ne pense pas un traître mot de ce qu’il a dit : il le pense très probablement ! C’est d’ailleurs facile à penser, ce genre de constatations un peu molle, un peu piquante, à mi-chemin entre le rouleau de printemps et la sauce piquante qui les accompagne…

Mais qu’il ait sorti ça juste maintenant, ça tombe fichtrement bien, tout de même. Et quand on voit la teneur de ce qui entourait la saillie, on ne peut s’empêcher de penser au caractère savamment ciblé des propos :

« Aujourd’hui, un couple qui est au RSA, en cumulant les différents systèmes de minima sociaux, peut gagner plus qu’un couple dans lequel il y a une personne qui travaille au Smic. »

Difficile d’imaginer l’encarté NPA se réjouir à l’évocation d’une pareille comparaison (lui, il fait plutôt dans la division du salaire d’un patron du CAC en nombre de SMICS : on se choisit les calculs qu’on peut).

Maintenant, je doute que ce magnifique moulinet oratoire, préparant d’ailleurs une bordée de polémiques en carton dans laquelle les socialistes de gauche ne manqueront pas de tomber à pieds joints, soit suivi d’un quelconque effet. Parce que c’est bien rigolo et un peu sulfurique de balancer du cancer en face du drame social que représente le RSA, mais si l’on se souvient qu’en plus, le Wauquiez a enquillé sur une proposition de travail assujetti au versement du paiement, on pouffe. Pour le ministre du travail,

« il faut que chacun assume chaque semaine cinq heures de service social »

Et je vois d’ici, en enfilade, la proposition de loi attenante à cette obligation, et la légère administration qui s’empressera de vérifier que tout le petit monde des bénéficiaires effectue bien son quota d’heures de service social.

On peut déjà imaginer que la proposition sera légère et court vêtue, avec peu d’alinéas, un nombre réduit de considérants, quelques paragraphes bien troussés dans une langue limpide, et de grands principes faciles à comprendre et appliquer en pratique. Et on peut parier que les fonctionnaires chargés de la bonne distribution du RSA dans ces nouvelles conditions seront peu nombreux, peu coûteux, bien formés et efficaces.

Un monde nouveau s’ouvre à nous, n’en doutons pas.

Faites attention à la marche, il pourrait cependant y avoir des défenestrations.

Ces considérations à présent écartées, on peut, encore une fois, constater la médiocrité de la réflexion attenante à cette déclaration ministérielle à l’emporte-pièce. Nous avons échappé au pire, notez bien : c’eut pu être le fait de Nicolas Sarkozy, auquel cas nous aurions eu le droit à quelques fautes de français en surcroît, deux ou trois tournures de phrases bizarres et un concept mal troussé poussé au panzer sur la fin. Avec Wauquiez, la même soupe à grumeaux passe un peu mieux.

Mais il n’en reste pas moins que la question centrale de l’assistanat n’est pas abordée : elle est ici traitée comme un argument électoral, ni plus, ni moins.

Pourtant, personne ne semble voir que demander un travail pour un salaire n’est pas, en soi aberrant ; ce qui devient assez croustillant, c’est qu’alors, l’assisté devient, de facto, un agent de l’État, effectuant un service social, une mission d’intérêt collectif, en l’échange d’un paiement modique que l’État consent, dans son immense générosité, à lui lâcher après moult démarches administratives ubuesques.

Autrement dit, ce que Wauquiez montre ici, à son corps défendant et sans même qu’il s’en rende bien compte, c’est que les assistés vont devenir des fonctionnaires de l’État, sans le statut et la sécurité qui vont normalement avec.

Mieux : ce que cette proposition entérine, c’est la situation socialiste typique où, peu ou prou, tout le monde finit par travailler pour l’État et par l’État : ce que propose le ministre, c’est l’étape suivante de collectivisation du travail. Il suffira que les chômeurs en cours d’indemnisation rentrent dans la danse, puis, un peu plus tard, les personnes au foyer touchant des allocations et, enfin, les étudiants boursiers, pour que l’ensemble des actifs soit touchés par cette méthode simple de « kolkhoïzation » d’une partie de la force de travail dépendante des mannes étatiques.

Et en réalité, c’est parfaitement logique : une sociale démocratie a, par nature, un besoin impérieux d’un bataillon de pauvres hautement dépendants des bonnes intentions et grandes largesses des hommes de l’État. Eh oui : plus il y a d’individus dépendant des aides étatiques, de même que plus il y a de fonctionnaires, plus l’État assure son propre renouvellement et son existence par delà chaque nouvelle élection qui pourrait remettre en question l’ordre établi. Ceux qui vivent de l’aide ne vont pas voter pour moins d’aide, hein.

Oh, je sais que maints socialistes, lisant ces derniers paragraphes, vont péter un klaxibule ou deux, ressortant leur humanisme sagement plié dans la poche de leur veston, pour me le brandir sous le nez à l’occasion d’un « Si l’État n’aide pas les gens, ils vont tous crever dans les rues, salaud de capitaliste ! » ; c’est pratique, l’humanisme agité ainsi devant le nez des autres comme un mouchoir sur le quai d’une gare alors que le train du bon sens laisse place à celui de l’émotion. Ça cache habilement qu’ici et maintenant, il y a déjà plein de gens qui crèvent dans les rues et que, bizarrement, plus on aide et plus on assiste, plus on en trouve.

Et c’est tout de même très pratique, cet humanisme et l’air bravache qu’on sortira pour hurler que non, on ne laissera pas passer l’ultranéolibéralisme en France, alors qu’on se demande exactement où, paradoxalement, il se cache dans ce pays tous les jours plus redistributif de la pauvreté des autres…

Le problème fondamental, tant de la proposition de Wauquiez que dans tout le système français est qu’il est entièrement basé sur un prédicat faux : les aides sont obligatoires lors de leur prélèvement, automatiques pour les bénéficiaires, mal délimitées dans le temps, et indépendantes des efforts consentis en amont, par le bénéficiaire ou par d’autres.

De plus, alors que tout le monde trouverait ahurissant qu’une assurance réclame un travail en l’échange d’une indemnisation de sinistre, personne ne s’étonne que certains puissent bénéficier de l’assurance correspondante sans avoir jamais payé la prime correspondante. Un tel régime ne peut, mathématiquement, aboutir qu’une ruine lente et inéluctable, les entrées n’étant jamais mises à concurrence des sorties.

Tant que l’humanisme des uns servira le cynisme électoral des autres, le socialisme se nourrira joyeusement de ce genre de mécanisme, produisant toujours plus de misère.
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