L'important, c'est la Prose.

... 10 mai 1981...

Le 10 mai 81, je fête mes 11 ans et je ne comprends pas grand-chose aux choses politiciennes qui agitent les grandes personnes autour de moi. Le 10 mai 81, après le dîner, les bougies auto-rallumantes insupportables sur le gâteau en Petits Lu trempés dans du café avec une crème au beurre et au sucre, après les photos-souvenir et après les cadeaux, mes cadeaux à moi, mon papa s'est mis dans le salon, devant la télé. Le 10 mai 81, quand le crâne dégarni du bonhomme est apparu dans l'écran, je me souviens que mon papa a éructé encore plus fort que quand je passais devant TéléFoot au moment pile où y'avait le but. Pas content. Le 10 mai 81, j'avais 11 ans tout rond et un maillot de Larqué ou un nouveau Manuel des Castor Junior ou l'Homme qui valait trois milliards avec un œil bionique où on pouvait regarder dedans avec une main qui bouge et avec des trucs ici et des machins aussi là. Alors la Rose, la Force Tranquille, la Révolution à Tonton, inutile de vous dire que je m'en tapais le coquillard.