Autant l’avouer tout de suite, je n’ai pas de culture techno. M’expliquer les différentes chapelles de la musique electronique reviendrait à essayer d’expliquer à un fan de hip hop la différence entre du Black Metal et du Doom. Ce n’est pas faute d’ecouter des disques ici et là, mais je ne suis jamais completement rentré dans cet univers. Ma passion pour les sons electroniques se résume souvent à sa forme la plus accessible, la plus pop, comme dans les meilleures heures de la New Wave ou plus tard Daft Punk ou DMX Krew entre autres (et la dance Allemande et italienne...oui oui). Mon autre soucis est de vouer un culte sans borne à Kraftwerk, si bien que je peux me contenter d’écouter leur discographie en boucle jusqu’a la fin des temps sans avoir besoin d’aller plus loin, c’est comme ça.
De temps en temps, en tout bon néophyte techno que je suis, il y a un disque qui parvient quand même à me tirer de la pop, du rock et de ses dérivés, un disque qui recèle quelque chose que beaucoup d’autres n’ont pas dans l’electronique, un disque qui transpire l’humain.
“Someone Gave me religion” de Arnaud Rebotini en fait partie, et plutot deux fois qu’une. C’est la premiere chose que l’on ressent en ecoutant c’est album. Il y a un humain derriere, il y a des mains derrieres les machines. L’humeur est sombre, froide, parfois glaciale, mais ce n’est pas une souris d’ordinateur qui decoupe simplement des samples sur ProTools, la machine ici n’est que l’outil. Et des vieilles machines, il y en a sur cet album, il n'y a que ça, c'est tout son charme. Alors bien sur, avec ses sons vintages, ces sonorités de synthétiseurs n’ayant plus d’age, Arnaud Rebotini parle directement à mes oreilles éprises des productions des robots de Düsseldorf, mais ça ne s’arrete pas à l’anecdote sonore, les compositions sont là, vraiment là.
Ce disque s’écoute ne serait-ce que pour son ouverture et les 13 minutes de “the first thirteen minutes of love”. Allez trouver aujourd’hui 13 bonnes minutes dans un album, tous styles confondus, pas évident, alors imaginez 13 bonnes minutes dans un seul titre. Pari réussi.
L’album oscille entre des plages hyptoniques, planantes et rampantes, des titres plus techno (personal dictator), des piqures new wave (another dictator) et des arpégiateurs sales et entêtants se noyant dans des synthétiseurs mélancholiques (who gonna play this old machine?). Ce n’est pas une compilation de titres ecrits simplement pour lever les bras au ciel dans un club avec une casquette fluo, c’est un disque, un vrai. Apres avoir abandonné les guitares de Blackstrobe, Arnaud rebotini avait déjà défini dans Music Components ce qu’allait être son futur, mais “Someone Gave Me Religion” depasse largement son prédécesseur.
Alors, les puristes du genre y verront sans doute d’autres références, d’autres clins d’oeil, d’autres comparaisons plus aiguisées, mais la plus belle réussite dans la musique n’est-elle pas de parvenir à transcender les genres et toucher au delà du cercle des initiés, sans pour autant faire de concession artistique. Ici c’est totalement réussi, maitrisé de bout en bout. Arnaud Rebotini vient de poser une très belle pierre à l’édifice de la musique electronique. C’est beau.
Someone Gave Me Religion _ Sortie le 18Mai
http://rebotini.blackstroberecords.com/