Par Blandine Dumazel - BSCNEWS.FR / A l’occasion de la 6ème journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions puis du 10ème anniversaire de la reconnaissance par la France de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité, je vous invite à la nuit de l'abolition. En ouverture, le film consacré au Chevalier de St George, esclave illustre du XVIIIe siècle.
Le Chevalier noir
Qui est-il ? De son vrai Joseph de Bologne de Saint George (1745-1799) est le fils d’une esclave îlienne et d’un Blanc, propriétaire sucrier d’une importante plantation de la Guadeloupe. Joseph est un enfant privilégié sur la plantation. Il a le temps de jouer et son père lui enseigne la musique et l'escrime. Malgré, ou grâce, à cette identité originelle, né esclave en Guadeloupe, mais élevé comme un aristocrate à Paris, l’homme eut un destin national. Talentueux et prolifique compositeur de concertos pour violon, de quatuors à cordes, de symphonies concertantes, il était souvent prénommé «le « Mozart noir ». Compliment ou discrimination ?
Saint-George, homme de couleur, fut admis à la Cour de Louis XV. On le saura très proche de Marie-Antoinette, dont on connaît l’engouement pour l’art lyrique. Pour mieux vous familiariser avec le personnage, il vous faut découvrir l’ouvrage de Pierre Bardin, « Joseph de Saint George, le Chevalier noir ». De l’expérience de son parcours professionnel hors des frontières hexagonales, Pierre Bardin, journaliste, auteur, membre de Généalogie et Histoire de la Caraïbe (GHC), connaît et comprend l’Histoire commune, souvent violente, de peuples venus de gré ou de force d’horizons divers, construire un monde nouveau d’où des hommes exceptionnels allaient surgir ; le Chevalier de Saint George est de ceux-là.
Biographe de Saint George, qu’il fréquente depuis plus de vingt ans, il précise pour nous :
« …le 10 mai 1763, Georges, le père, achète pour son fils Joseph, « l’Office d’Ecuyer, Conseiller du Roy, contrôleur ordinaire des guerres » et le 8 juin en la Grande Chancellerie de France, les magistrats donnent officiellement leur agrément à cette vente. Cette charge lui permet de prendre le titre d’écuyer. Saint-George occupera cette charge durant onze années. Cela peut expliquer pourquoi, lorsque l’on décrétera que la Patrie est en danger, au cours de la Révolution, le Ministère de la Guerre confiera à Saint-George le commandement d’un régiment de cavalerie légère. » Virtuose du fleuret, gendarme de la Garde du roi, Joseph de Bologne de Saint George s’engagea pour la Révolution et lutta également contre l’esclavage.
Esclavage, la nuit de l’abollition
« Le chevalier de Saint-George », ce docu-fiction romanesque ouvre le bal noir. Rendez-vous le mardi 10 mai 2011 sur France 3 à compter de 23h50. Claude Ribbe, écrivain et réalisateur, en est l’auteur. Attaché aux principes républicains, opposé à l'assignation « ethnique » développée par certains idéologues, il est devenu le spécialiste d'une histoire de la « diversité ». Claude Ribbe s'attache à évoquer l’histoire des Afro-caribéens, la mémoire de l’esclavage et à réhabiliter les anciens esclaves antillais les plus prestigieux.
Des docu-fictions, un plateau d’invités concernés, rien de tel pour clarifier les préconçus et se forger sa propre idée ! Essentiel.
• « Joseph de Saint Georges, le Chevalier noir » Pierre Bardin, Ed Guénégaud, 2006.
• « Le Chevalier Saint Georges », Docu-fiction de Claude Ribbe. 2011. visuel, crédit Agnès Caporal.