Ils représentent les différentes composantes de la gauche en Haute-Vienne et ils reviennent pour nous sur ce fameux 10 mai 1981, jour de gloire pour toute la gauche.
Les images qu’il m’en reste sont en fait celles du mercredi après midi de l’investiture. J’étais alors chez ma nounou dont le mari, ouvrier, regardait la cérémonie à la télévision. Quelques bribes d’images me reviennent comme celle de la cour de l’Elysée. Le fait même que ce souvenir ne se soit jamais effacé prouve certainement l’intensité du moment pour ceux qui étaient devant le petit écran.
Pour quelqu’un de ma génération, l’image de François Mitterrand est certainement plus complexe m’étant engagé au mouvement des jeunes socialistes en 1994, année de cohabitation et période des plus difficiles pour la gauche. Cette image, c’est à la fois celle de celui qui a été président pendant ma jeunesse avec un style des plus marquants et une façon d’assumer la fonction avec la hauteur nécessaire et requise à la différence de ce que l’on peut voir aujourd’hui… C’est aussi durant ses 14 années d’exercice toutes les difficultés que la gauche a pu rencontrer à l’occasion de l’exercice du pouvoir et de certaines de ses ambiguïtés.
Mais le 10 mai, c’est aussi et surtout le peuple de gauche qui voyait arriver une victoire à laquelle il ne croyait plus dans une France où la droite de l’époque considérait que l’Etat lui appartenait avec 23 ans de présence sans discontinuer. Une espérance s’est levée et s’est traduite par des mouvements de liesse alors même qu’une autre moitié de la France était au contraire apeurée ! Cette fièvre de commémoration qui s’est emparée des médias démontre la symbolique forte que revêt désormais cette élection historique qui est entrée dans la lignée des grandes dates comme juin 1936.
A un an de la prochaine présidentielle, cet anniversaire doit bien évidemment nous inspirer mais sans pour autant nous conditionner. Les socialistes et l’ensemble de la gauche et des écologistes doivent être porteur d’espérance dans l’idée de progrès, de justice, de laïcité et de fraternité, c’est à dire l’essence même de la République, mais en tirant avec lucidité les leçons des expériences passées avec un contexte qui a fort évolué. Cette articulation entre espoir et volonté de changer la société en ne niant pas la réalité est au cœur de la démarche de la gauche. Il reste seulement quelques mois aux socialistes et aux autres formations pour construire une future page de l’Histoire faute de quoi nous serions condamnés à nous contenter d’une nostalgie indigne de tous ceux qui nous ont précédés.
Laurent LAFAYE (Premier secrétaire PS 87)
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Mais très vite, la politique reprend le dessus. Chacun s’interroge : tiendra-t-il le cap ? Après un premier tour où Georges Marchais ne totalise que 15,35 % des voix, les législatives de juin amplifient encore le succès de la gauche. C’est une vague rose qui s’engouffre à l’Assemblée. Les rapports de force au sein même de la gauche sont bouleversés. Le PCF, pourtant artisan majeur de l’union de la gauche et du programme commun qui a rendu possible cette victoire, perd la moitié de ses députés. Nous sommes sonnés. Un affaiblissement que ne compense pas l’entrée de quatre ministres communistes au gouvernement. Le nouveau gouvernement de gauche prend, dès son installation, des mesures importantes : retraite à 60 ans, 5e semaine de congés payés, le SMIC augmente de 10 %, le minimum vieillesse de 20%, les allocations familiales de 25 %, le passage au 39 heures, les nationalisations, etc. …
Mais cette victoire intervient au moment d’une offensive libérale très forte dans le monde et en Europe. La gauche au pouvoir va buter sur cette question. Le tournant de la rigueur de 1983 et l’ouverture de la parenthèse libérale sonnent le glas des espérances. Une parenthèse toujours pas refermée.
Francis DAULIAC (Secrétaire fédéral PCF 87)
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Pour résumer mon état d’esprit de l’époque et les souvenirs qui m’en restent, je vous invite à (re)voir le formidable film de Cédric Klapisch « le péril jeune ». Tout y est !
Didier TESCHER (Responsable départemental EE-Les Verts 87)
Tags: 10 mai 1981, Didier TESCHER, Francis DAULIAC, François Mitterrand, Laurent LAFAYE