Il y a quelques jours, j’avais commenté la déclaration faite par Bernard Debré à propos de Patrick Roy. Bien que celle-ci n’ait guère été reprise par la sphère médiatique, elle a suscité quelques réactions assez vigoureuses qui sont peut-être à l’origine de la tentative d’explication esquissée par ce professeur.
Il me semble qu’après s’être laissé aller à un mouvement d’humeur, M. Debré ait voulu justifier sa position avec des éléments plus raisonnables. Il a ainsi saisi l’occasion que lui a fournie RMC dans l'émission des Grandes Gueules du vendredi 6 mai 2011 en disant : "Patrick était l'un de mes amis". Il a tenu ainsi à se défendre de s’en être pris à une personne attirant la sympathie et décédée depuis.
Puis, comme il lui faut désigner une nouvelle cible, il accuse la presse : " Durant sa maladie, les journaux ont menti en disant qu'une molécule allait le sauver et c'était faux". Chacun sait bien que toutes les difficultés auxquelles est confronté notre pays viennent de la presse. Ce sont les journalistes, ces bavards qui sont la source de tous nos maux. D’ailleurs, ce sont des menteurs. Ils savaient bien que rien ne pouvait sauver ce malheureux Patrick. Moi, par contre, j’avais compris que tous les traitements éprouvés s’étant avérés inefficaces, les médecins avaient proposé, je suppose sans garantie, l’essai d’une nouvelle molécule. Ceci me semble être une démarche tout à fait raisonnable.
Mais notre Bernard poursuit : "C'était indécent d'avoir donné de l'espoir à toutes les personnes souffrant de cette maladie". Indécent, décidément, il n’a que ce mot à la bouche ! Peut-être parce qu’il s’y reconnaît bien. En quoi serait-il indécent de donner de l’espoir, même lorsqu’il serait très ténu ? Cela empêcherait ces malades de mettre leurs affaires en ordre, au cas où ? Innombrables sont ceux qui ont disparu soudainement sans avoir pu le faire et le monde ne s’est pas arrêté de tourner pour autant. Par contre, permettre à des gens de continuer à vivre avec un espoir plutôt que de sombrer dans la désespérance, c’est me semble-t-il une bonne action.
Et comme s’il n’avait pas assez exposé la petitesse de son âme, Bernard Debré conclut : "Au même moment que lui, d'autres députés étaient malades et personne n'a rien dit. Cette surexposition médiatique n'était pas juste !" Où la jalousie ne va-t-elle pas se nicher ! Bien sûr, tous les jours, des gens meurent, du cancer, de diverses maladies ou dans d’autres circonstances. Cela devrait-il interdire de s’émouvoir du sort de quelques-uns ? Qu’est-ce que la justice a à voir dans cette affaire ? Faute de pouvoir rendre hommage à tous, faut-il le faire pour personne ? Décidément, cet homme décent est bien à plaindre. Mais je ne pense pas qu’il mérite qu’on le fasse.