"Il paraît qu'en Tunisie, la tension est à son comble" ironise le publicitaire. Qui reprend en bas de page : "Que de rumeurs vous avez pu entendre !". Comble du cynisme.
Oui, il paraît qu'en Tunisie, des hommes sont morts pour la liberté, on fusille sans sommation les insurgés.
Il paraît qu'en Tunisie, cent obus sont tombés il y a a quatre jours sur le village de Dhehiba.
Du moment que ça ne réveille pas les touristes, quelle importance?
Il paraît qu'en Tunisie, l'hôpital régional de Tataouine a accueilli dimanche matin plus de 50 blessés suite aux affrontements sanglants entre les forces du colonel Kadhafi et les rebelles de la ville de Nalout.
Bon, le tout, c'est de ne pas se planter une aiguille d'oursin dans le pied parce que les urgences débordent d'autochtones moribonds et désespérés.
Mais il paraît qu'en Tunisie, 1 200 km de côtes de plages de sable fin attendent les blancs becs soucieux de se payer le soleil à moindre coût. Car ces temps-ci, la destination n'attire plus le chaland… Allez savoir pourquoi.
Parce que, la pub le souligne : " La Tunisie vous réserve de belles surprises !"
Sûr qu'une expédition vers les montagnes peut vite ressembler à une partie de roulette russe.
Venez donc découvrir un peuple qui souffre, enfermés dans un ghetto touristique. Venez admirer la révolution, ses morts et son exode. La pub le précise, le peuple "est accueillant et chaleureux". Surtout en ce moment.
Tunisie, "A vous de voir", conclue l'affiche. Sur ce ravissant corps bronzé vierge de toute souffrance et dont les doigts de pied en éventail sont une insulte à ceux qui se battent pour la liberté.
Enfin, moi, vous savez ce que j'en pense.
Fanny Lesguillons