Edwy Plenel (photo JCH)
Pourquoi cette annulation de procédure ? Tout simplement parce que les juges du tribunal de Bordeaux ont estimé que le procureur Courroye n'avait pas respecté la loi de janvier 2010 sur la protection des sources des journalistes. En se procurant les factures détaillées de téléphone du journaliste du Monde enquêtant sur l'affaire Bettencourt, le procureur a franchi la ligne blanche et devra donc en répondre devant la juridiction compétente puisque le journal Le Monde a porté plainte devant un juge d'instruction contre ce qui est un abus de pouvoir.Cette décision des juges Bordelais est extrêmement importante car c'est l'application concrète et réelle d'une loi nouvelle qui, qu'on le veuille ou non, accroît l'influence des journaux et protège ceux et celles qui les informent. A l'évidence, on ne peut pas informer sans être soi-même informé et on ne peut pas être informé si les sources ne sont pas certaines d'être protégées par l'anonymat et ce qu'on appelle le secret des sources. La loi a, certes, prévu des exceptions en cas d'affaires de terrorisme ou mettant en cause la sécurité de l'Etat mais les juges bordelais, avec raison, ont considéré que l'affaire Bettencourt ne relevait pas de la sécurité nationale. Les conséquences de ce jugement sont essentielles car elles confortent les journalistes d'investigation dans la recherche des faits, des preuves, des témoignages qui apportent un éclairage public sur les comportements délictueux ou criminels d'hommes et de femmes bercés dans une certitude d'impunité.
La semaine dernière à Val-de-Reuil, Edwy Plenel a insisté sur cette nécessité de la protection des sources. Dans l'affaire des quotas de l'équipe de France de football, il est évident que l'informateur de Mediapart a besoin de dormir sur ses deux oreilles ce que la justice autorise et confirme.