Tandis que l'arène de Forest National se remplit lentement, les vendeurs de hot-dogs et les glaciers du
voisinage se frottent les mains, la météo printanière incitant les badauds à se sustenter à l'extérieur et à investir les terrasses des cafés.
Voici le décor planté, mais venons en maintenant au héros du jour.
Avec Rock Eclair, Jean Louis
Aubert a livré à son public un album intime et personnel qui à première écoute semble mélancolique mais duquel se dégage en fin de compte une force tranquille et
positive.
Après avoir traversé la pénible épreuve de la disparition de son père, Jean Louis revient à ce qu'il fait de mieux : jouer sa musique sur scène ! Et à voir le monde qui se presse à ses concerts
et la folie qui s'en dégage on n'ose imaginer à quel point la terre tremblerait en cas d'une reformation hypothétique de Telephone.
Il est 20h00. C'est un Forest club bourré à ras bord qui s'apprête à accueillir le natif de Nantua. Lorsque les lumières s'éteignent une immense clameur
surgit de la foule.
Un bruit de pluie, les grondements d'un orage, des éclairs, un ciel plombé sur fond d'harmonica plaintif, Jean Louis apparait en ombre chinoise au sommet d'une colline avant d'en descendre et de
s'avancer en bord de scène devant une forêt de mains tendues.
Guitare en bandoulière il chante :" Maintenant je reviens...je reviens VOUS chercher !"
Ca y est, la magie opère, il aura fallu moins de trois minutes pour que l'osmose entre le chanteur et son public soit parfaite et elle se prolongera tout au long d'un concert de 160 minutes
absolument fa-bu-leux en tous points.
Jean Louis enchaîne avec "Demain sera parfait". "Hé Bruxelles ! Quel bonheur de vous retrouver ! C'était long !" lance t-il un immense sourire aux lèvres. Et
avec Jean Louis on sait que ce sourire n'est pas feint. L'homme est intègre, sincère et bourré d'une énergie follement contagieuse.
Il est un des rares showmen en France (avec Nicolas Sirkis d'Indochine) à pouvoir transformer en quelques secondes une arène en
fournaise.
Un trio de cuivres, 2 batteurs dont l'immense Richard Kolinka, vieux complice de l'époque Telephone, un bassiste et 2
guitaristes, notre homme est bien entouré et rien à dire sur sa voix, Jean Louis assure vocalement comme un chef.
Les titres s'enchaînent: "Un monde ailleurs", "Les Plages" dans une version très rock aux riffs saignants," Argent trop cher","Le jour se lève encore", tous des classiques et un band qui crache
le feu.
Petite accalmie avec "Demain là bas peut-être" avant "les Lépidoptères" ironisant la période pré-électorale en France. Il faut voir Jean Louis parvenir à faire marcher toute la fosse de gauche à droite et de droite à gauche à ses ordres, c'est du jamais vu !
Il est hilare. " Ca maaaarche à Bruxeeeeeelles !!! crie t-il dans le micro.
"Avec nous les Locataires !", titre funky en diable avec solos de guitares et Hammond ravageur.
Jean Louis est en nage. Le public aussi.
Petit intermède plus calme aux claviers ensuite le temps d'interpréter "Loin l'un de l'autre" puis "le jour s'est levé" incluant quelques accords de "Like a rolling stone" de
Dylan.
Standing Ovation.
C'est le moment qu'il choisit pour nous jouer "Marcelle", titre touchant du dernier album en hommage à cette dame
âgée, croisée dans une chambre voisine de celle de son père et morte quelques jours plus tard, et qui nous est livré sur un rythme reggae irrésistible. La chanson passe parfaitement l'épreuve de
la scène et est appelée à devenir un classique. Et à propos de classique c'est avec "Juste une illusion" et "Temps à nouveau"que le français continue à faire monter la température d'une salle
frôlant l'hystérie.
Le public exigera trois rappels et jubilera sur les titres suivants :
1er rappel :"Puisses- tu", et "Ca c'est vraiment toi" en version ska aux cuivres incandescents.
2e rappel: Les roadies ramènent l'orgue et Jean Louis ravive nos émotions avec "On aime comme on a été aimé". Tout simplement magnifique. Et se tournant vers Richard Kolink, il l'interpelle :
"Hé Richard tu veux jouer quoi ! ? "Un autre monde" Allons yyyyyyy !!!"Forest tremble sur ses bases ! Mais le public n'est toujours pas rassasié et rappelle son
héros.
3e rappel :Jean Louis revient une fois de plus saluer et sous les cris du public empoigne sa guitare et joue "Cascade" enchaîné à "Voilà c'est fini" repris en choeur par la foule.
"Rentrez bien, bonne route, prenez soin de vous...et merci infiniment.."
C'est sur ces mots que Jean Louis Aubert quitte définitivement la scène, épuisé heureux et ému comme l'est aussi son public.
Un concert époustouflant.
Vu par Pierrot
Ils avaient annoncé de l'orage pour la soirée de dimanche et il a éclaté avec un peu d'avance vers vingt heures quinze sur la scène de Forest National. Dans un déluge d'éclairs et de coups de tonnerre, ce diable de Jean-Louis a fait une entrée en scène fracassante. Chapeauté, gabardiné, il sortait couvert pour deux titres de son nouvel album "Rock Eclair". La salle était comble et le public totalement sous l'emprise de ce magicien des mots et des sentiments. Imaginez la foule qui occupe densément le parterre de FN et se déplace de gauche à droite et de droite à gauche sur un simple geste des musiciens sur scène. Alternance des Rocks durs aux sons tranchants comme des couperets et des mélodies ouatées enveloppantes et mélancoliques. Un vrai rockeur au coeur tendre. Nounours et string rose jetés sur scène, le public a adoré et l'a bien montré. Après nous avoir subjugués pendant près de deux heures, il nous est encore revenu à trois reprises, la dernière fois seul, pour nous dire que "voilà c'est fini", mais qu'il reviendra c'est certain. Merci Jean-Louis, pour cette soirée "feel good".
Pierrot et Margaret