Passation de pouvoir à Old Trafford, où des Red Devils en grande forme ont dominé dans les chiffres et dans le jeu des Blues impuissants.
Mais revenons au match d’hier s’il vous plaît. Un match où il ne fallait pas arriver devant sa TV en retard. Obligations familiales obligent, je me trouvais encore à 16h20 à 70 kilomètres de mon divan, dans la brousse belge où les routes ne sont pas des lignes droites, les tracteurs affluent et les travaux abondent. Mon frère pousse sa Scénic dans ses derniers retranchements une fois arrivés sur l’autoroute, on va arriver pile poil pour le coup d’envoi… Sauf que la sortie d’autoroute est bloquée. Damned ! Un détour qui me verra allumer ma TV après six minutes de jeu. Et c’est déjà 1-0 depuis le 39ème seconde. Putain on a raté le goal ! Ouais mais putain, on mène déjà ! Le temps d’enfiler mon maillot floqué du surnom de plus en plus célèbre du buteur précoce et je peux accueillir mes convives comme il se doit. Six bières décapsulées plus tard, je peux constater que United a évidemment aligné un onze qui a de la gueule où seul O’Shea venait perturber la compo que j’avais imaginée dans ma preview. Faut toujours qu’il s’incruste celui-là… On a donc devant Van der Sar le jeune Fabio à gauche, les golgoth Ferdinand et Vidic et Sheasy le bouche-trou. Faut croire qu’Evra est invalide pour ce match. Au milieu, Carrick à la récup, Giggs à la baguette, bien aidé par Park, aligné à gauche mais omniprésent, partout. A droite, Valencia devra se taper Ashley Cole. En attaque, le désormais habituel duo formé par un Rooney qui décroche toujours autant et un Hernandez qui aime flirter avec le hors-jeu.
Veni Vidic Vici
Car United continue de maîtriser son sujet, malgré une grosse parade de Van der Sar sur une tête à bout portant de Kalou, et on a du mal à croire que Chelsea est venu défendre son titre. Lampard est invisible, à l’image de tout le milieu de terrain des Blues. Pourtant, Ancelotti a mis toutes les chances de son côté en alignant Drogba, Malouda et Kalou en attaque, mais surtout en laissant Torres sur le banc. Notre bourreau du match aller, David Luiz, en a quant à lui plein les bottes, entre les appels de Chicharito, le pressing teigneux de Park et les décrochages de Rooney, Tahiti Bob se fait enguirlander par son patron. Un replay du premier but (enfin !) nous montrera qu’il est déjà coupable sur le premier but après avoir manqué son interception sur la passe verticale de Park pour Hernandez. C’est ce qu’on appelle le karma, le brésilien chevelu nous avait certes planté un joli but au Bridge, mais il avait surtout passé son temps à casser des jambes en toute liberté, avec l’accord de M. Atkinson. Comme à son habitude, United va peu à peu baisser le rythme tout en maîtrisant son sujet, et les quelques coups francs intéressants accordés aux Blues n’inquièteront pas Van der Sar. C’est la mi-temps et c’est un 2-0 bien mérité après 45 premières minutes de très bonne facture de la part des Red Devils, qui sont au rendez-vous et qui confirment sur le terrain leurs déclarations de la semaine.
A la reprise, Ancelotti procède à deux changements : David Luiz est puni et laisse sa place à Alex, tandis que Ramires remplace Mikel, celui qui avait signé à MU avant de changer d’avis pour aller à Chelsea, la bonne idée. Côté rouge, Evans remplaçait O’Shea au poste d’arrière gauche, intéressant. Dès la 53ème minute de jeu, le public d’Old Trafford réclame un penalty pour une main dans le rectangle de Lampard. Après avoir grillé Ashley Cole, Valencia voit son centre stoppé par le bras de Fat Frank, mais Monsieur Webb ne bronche pas. 62ème, entrée de Torres, à la place de Kalou, on peut respirer. Le match tente de s’emballer un peu, mais les mauvais choix en attaque de United et la solidité de la défense des Red Devils empêcheront le score de bouger… Mais Chelsea est une équipe qui peut toujours s’en remettre à la chance, et s’il est un joueur chez eux qui a des cornes hautes comme Big Ben, c’est bien Frank Lampard. Sur un centre de Ramires venu de la droite, Alex effleure le ballon de son crâne rasé mais le ballon atterri sur le pied de Lamp, aussi surpris de voir ce ballon finir au fond du but que Van der Sar. 2-1 (69ème). Pas le temps de pleurer, comme lors du match retour en Ligue des Champions, United va immédiatement répondre. Valencia dépossède Ashley Cole du ballon, Hernandez récupère, débord et sert Rooney légèrement trop en retrait, Wazza parvient à cadrer mais Alex sauve in extremis la cage de son gardien, à nouveau battu (70ème). Non, ce ne sera jamais facile cette saison, surtout face aux Blues. Ces derniers, sentant leur couronne de plus en plus lourde leur échapper, vont tenter de revenir, mais Ferdinand et Vidic ne laissent rien passer, bien aidés par toute l’équipe et notamment Evans, très bien rentré à une place qui n’est pas la sienne. Rooney, qui n’a pas pesé autant sur cette rencontre qu’on aurait pu l’espérer, gaspillera encore deux grosses occasions coup sur coup (83ème), et même Chicharito manquera l’immanquable lorsque Valencia lui adressera un centre parfait dont la reprise de la tête à deux mètres du but passera au-dessus du cadre (87ème) ! A croire que 2-1 est le score habituel entre ces deux équipes, à moins que les joueurs se soient dit en voyant mon prono (voir ma preview) que je méritais moi aussi de gagner. Monsieur Webb, à créditer d’un très bon match lui aussi, siffle la fin du match après 4 minutes d’arrêts de jeu. Ferguson bondit de son banc pour rejoindre ses joueurs, au bord de l’hystérie. Ils le savent, ils viennent de faire un pas de géant vers le nirvana. Fergie s’incline face à la tribune Stretford End, symbole d’un public qui a lui aussi tout donné pendant 90 minutes et qui peut savourer ce grand moment avec l’équipe.
Un week-end parfait
Un an et demi (et un doublé coupe-championnat) après avoir débarqué au Bridge, Ancelotti a du souci à se faire. Tout le contraire de son adversaire d’hier… 25 ans après son arrivée, Sir Alex est donc en passe de tenir sa promesse en détrônant Liverpool de son putain de piédestal. Un pari qui semblait fou à l’époque, même pour lui. Il ne faut pas sous-estimer le travail de titan réalisé par notre manager, qui a su continuellement reconstruire une équipe compétitive. Son seul regret concerne cette coupe aux grandes oreilles, mais il aura une chance supplémentaire de la remporter une troisième fois le 28 mai. Qu’il y arrive ou non, on peut déjà commander sa statue pour accompagner son modèle, Sir Matt Busby, et veiller à jamais sur Old Trafford. En parlant de Liverpool, les supporters des Reds verront d’un bon œil la toute première médaille de champion de Michael Owen, à 31 ans. Un bonheur que ne connaîtront probablement jamais Gerrard ou Carragher. En parlant de rival, si samedi prochain United obtient à Blackburn le point nécessaire pour être sacré champion, l’éventuelle victoire de City (battu samedi par Everton) en finale de la Cup, juste après, sera anecdotique et rappellera à nos voisins bruyants que Manchester a toujours été rouge et le sera encore longtemps. En attendant, Stoke s’est parfaitement préparé pour cette finale en écrasant Arsenal 3-1. Quel beau week-end. Vivement le prochain.
United : Van der Sar, Fabio (Smalling), Ferdinand, Vidic, O'Shea (Evans), Valencia, Carrick, Giggs, Park, Rooney, Hernandez.
Pas utilisés : Kuszczak, Nani, Anderson, Scholes, Berbatov.
Homme du match : Quoi ?! Vous avez pas encore compris ? C'est Park ! Park ! Park ! Park !