Une lesbienne victime de l'homophobie
Une épidémie de crimes homophobes sévit en Afrique du sud. Le meurtre de Noxolo Nogwaza, membre de l’Ekurhuleni Pride Organising Committee (Epoc), un groupe de défense des droits des homosexuels, en est la dernière manifestation selon les dires de HRW.« La mort de Nogwaza est le dernier d’une longue série de crimes sadiques visant les lesbiennes, les homosexuels et les transsexuels en Afrique du Sud » a déclaré par communiqué Dipika Nath, un chercheur associé au groupe de défense des droits de l’Homme HRW.
« Le corps sans vie de Noxolo Nogwaza, une lesbienne de 24 ans, a été retrouvé gisant dans une allée de Kwa-Thema, vers 9 heures du matin dimanche 24 avril. Son visage était complètement déformé, ses yeux exorbités, son crâne écrasé, ses dents arrachées. Elle était méconnaissable. Des témoins ont affirmé qu’une bouteille de bière vide et un préservatif usagé étaient enfoncés dans ses organes génitaux. Des parties de son corps ont été lacérées avec du verre. Une brique retrouvée près du corps semble avoir servi à lui écraser le visage », a relaté trois jours après les faits le journaliste Sokari dans Black Looks.
Une longue liste d’agressions
D’autres homosexuelles ont été victimes de viols parfois suivis de meurtres en Afrique du Sud. En 2009 déjà, l’association de défense des homosexuelles sud-africaines Triangle sonnait l’alarme. Elle a comptabilisé 39 cas de viols suivis d’assassinats d’homosexuelles depuis 1998. Le cas le plus emblématique est celui de la footballeuse et militante des droits des homosexuelles Eudy Simelane. En 2008, elle a été sauvagement assassinée, toujours dans le township de Kwa-Thema. Comme Noxolo Nogwasa, elle a été violée par quatre hommes avant d’être à plusieurs reprises poignardée à la sortie d’un bar. Son corps a été abandonné dans un terrain vague. « Les deux s’assumaient comme lesbiennes, les deux ont été torturées et agressées sexuellement avant d’être tuées, et les corps des deux ont été jetés dans les lieux publics », résume HRW
Un meurtre comme un autre
Les militants homosexuels estiment que Noxolo Nogwaza a été tuée à cause de son homosexualité. Son viol serait un moyen pour les agresseurs de « corriger » son orientation sexuelle. « Il est très clair que ces violeurs se sont donnés une mission. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Nous sommes déterminés à instruire en justice le meurtre de Noxolo (…). Le gouvernement sud-africain doit assurer la protection de ses citoyens. Il doit lutter contre ces crimes haineux qui sont en augmentation dans le pays », a déclaré l’Epoc. « Nous n’avons pas de preuves pour conclure que le crime a été commis en raison de son orientation sexuelle. Nous enquêtons uniquement pour assassinat et viol à ce stade », a déclaré mardi à l’AFP Tshisikhawe Ndou, un porte-parole du ministère de la Justice.
Un pays miné par les violences sexuelles
Une étude de 2008 a révélé que 86% des lesbiennes noires de la province du Cap occidental (sud-ouest) vivaient dans la crainte d’une agression sexuelle, dans un pays qui voit environ 500.000 viols par an, rapporte l’AFP. Nombre d’entre elles sont victimes de « viols correctifs ». En Afrique du Sud, certains hommes estiment que violer des homosexuelles est une manière de les « guérir » de leur attirance pour les femmes. L’ONG Luleki Sizwe, qui soutient les LGBT( lesbiennes, gay, bisexuels et transsexuels) en Afrique du Sud, a lancé en 2010 une pétition pour que les « viols correctifs » soient qualifiés de « crimes haineux ».
Il est reproché à la justice sud-africaine d’adopter une attitude conciliante face à ce type d’agression alors que le pays dispose d’une des législations les plus libérales au monde. Le mariage homosexuel est légal depuis 2006 et l’adoption par des personnes de même sexe y est possible depuis 2002.
L’Afrique du Sud est minée par les violences sexuelles. Un homme sud-africain sur quatre a admis en 2009 avoir commis un viol d’après une étude menée par le Conseil de Recherche Médicale d’Afrique du Sud. La proportion atteint un sur trois dans le Gauteng, la province de Johannesburg où les deux activistes ont été tuées.