A la fin tu es là de ce monde ancien!
C'est par ce vers que s'ouvre un des plus beaux recueils d'Apollinaire. Et si nous avons aujourd'hui l'occasion d'applaudir Die Liebe zu den drei Orangen (L'amour des trois oranges, Любовь к трём апельсинам) au Theater-am-Gärtnerplatz, c'est à Guillaume Apollinaire que nous le devons. C'est qu'en effet le poète de la modernité, proche des cubistes et père d'une progéniture nombreuse, des dadaïstes aux surréalistes, adorait Carlo Gozzi et l'avait fait découvrir à au metteur en scène Meyerhold qui en avait fait le titre de sa revue d'avant-garde. Meyerhold fit découvrir la pièce du rival de Goldoni à Prokofiev , qui en tira le livret de son opéra, créé à Chicago, en français, en 1921, puis en russe à Léningrad, en 1927.
Dans les milieux branchés munichois, certains n'hésitent pas à la qualifier de mise en scène de l'année, la meilleure mise en scène que l'on ait jusqu'ici vue dans les theâtres d'opéra munichois, tous opéras confondus.
Loin de nous l'envie de trancher dans ce genre de polémique, qui suppose au moins une émulation positive entre les théâtres d'opéra munichois. Mais c'est bien une tranche de vie que met en scène Karaman, qui a tranché dans le vif d'un immeuble. L'haletante société en déperdition des années 20 évolue dans et autour une section d'immeuble. On ne sait quel cataclysme, quel bombardement, quel tremblement de terre, quel promoteur immobilier a tronçonné l'immeuble dans lequel Karaman situe l'inquiétante Cour d'un roi malade inquiet de son unique héritier, un Prince hypocondriaque qu'il est urgent de guérir car le Royaume court à sa perte, de même que la société des années 20 que viendra bientôt balayer le nazisme, comme il balayera l'oeuvre d'Otto Dix qui fut qualifié d'artiste dégénéré.
C'est Anthony Brammal , un chef d'orchestre apprécié du Theater-am-Gärtnerplatz qui est au pupitre. Il reviendra bientôt pour la nouvelle production des Pirates of Penzance de Gilbert et Sullivan. Les choeurs et les ballets sont omniprésents et jouent un rôle primordial dans cette production, qu'ils interprètent avec bonheur et enthousiasme. On appréciera le prince névrotique et tourmenté de Tilmann Unger, qui livre notammen un beau rire en staccato, les gouailleries de Cornel Frey en Truffaldino, la qualité passionnée du du mezzo de Rita Kapfhammer, coqueluche du public, en Fata Morgana (photo ci-dessus) et Franziska Rabl en Princesse Clarisse. Stephan Klemm, en artiste invité, interprète avec talent le rôle du Roi et récolte des applaudissements nourris. Sibylla Duffe incarne la Princesse Ninetta, Holger Ohlmann celui de la cuisinère et Gary Martin le rôle du premier ministre Leandre.
Crédit photographique: Lioba Schönek
Agenda
Les 12, 18 et 27 maiLes 7 et 19 juinLes 9, 17 et 24 juillet
Pour réserver, cliquer ici, sélectionner la date et suivre la procédure.
Voir aussi le post d'annonce.