JJ Abrams, génial créateur de Lost et autres Alias, ne se présente plus. Le lancement de Fringe au quasi final des aventures des rescapés du vol 815 (enfin, à 1 an près..), était passé sans fanfares ni trompettes. Le temps de s’installer, le show, mélange avoué d’X-Files et de science fiction plus aboutie, ne trouvait ses marques qu’au terme d’une bonne poignée d’épisodes. Le temps surtout pour le spectateur de s’immerger dans les aventures du trio d’aventuriers des espaces temps, des dimensions parallèles et des créatures étranges. Plus axée sur sa mythologie que par le passé, la série parvient enfin à éveiller un réel intérêt, le temps pour nous de passer d’une Terre à l’autre.
Rien ne va plus. La brèche entre les deux Terres, causée par notre Walter international, consumera à terme l’une des deux planètes. La course est donc lancée entre les deux groupes de Walter (et donc Walternate) pour trouver la solution, aka le moyen de détruire l’adversaire. Fringe nous explique donc que les choses inexpliquées depuis les origines de la série sont en réalité issues d’une guerre fratricide entre deux mondes, deux dimensions de l’univers. Soit. Plutôt bien manigancé, le stratagème nous permet de suivre deux intrigues, deux histoires, qui s’entrecoupent quelquefois, se concurrencent souvent et.. nous servent deux fois plus de Walter, Olivia, Peter et compagnie. La fan attitude est poussée à son paroxysme, avec une lutte acharnée entre deux mondes similaires, où la Fringe Division est plus ou moins avancée. D’un côté, notre Terre, un poil en retard, remontant le fil des inventions de Walter et William Bell. De l’autre, une Terre plus moderne, cherchant à stopper sa propre déchéance, et si possible à récupérer Peter.
La saison parvient à trouver le bon ton, nous emmenant d’un monde à l’autre, développant les deux sans forcément d’avantages à l’une ou l’autre des Terres. Dans tout ça, rien n’est oublié : le couple Olivia-Peter évolue, au gré aussi des substitutions diverses (Olivianate…). De quoi faire fonctionner le cerveau des spectateurs! Pas forcément innovante, la série se repose sur ses nouveaux acquis, joue sur l’ambiguité de cette double situation, nous emmenant des épisodes entiers dans l’univers alternatif (qu’on connait moins..), nous présente de nouveaux personnages, nous en ramène des anciens (Kirk Acevedo), et construit ainsi deux mondes susceptibles de plaire. Ponctuée de guests en délire, cette nouvelle saison s’avère riche en rebondissements et en détails, parvenant à enfin lancer la mythologie de la série à plein régime, là où les deux premières saisons esquissaient timidement les contours de l’intrigue générale. Sans doute handicaper par une possible annulation, on regrette toutefois une marche en arrière sur les derniers épisodes, plus centrés sur l’aspect romantique de la chose (les sentiments gouvernant semble t-il pas mal d’aspects du problème, que ce soit dans le couple vedette, ou les relations entre Peter et … ses pères).
SPOILER!! (sur la fin de saison)
Après avoir enterré tous doutes concernant le relationnel des personnages, sans grande surprise toutefois, Fringe nous offre un final assez étrange, audacieux mais sans réelle conséquence, servant plus à lancer la saison 4 (confirmée!) qu’autre chose. On restera sur notre faim concernant ce bon dans le temps de 15 ans, où on retrouve donc les personnages quelques années après leur tentative d’arrêter la destruction de la Terre. Finalement, c’est l’autre univers qui a été détruit, mais Walternate, réfugié sur notre planète, fait tout pour remettre les compteurs à zéro. Quitte à causer des pertes dans le casting principal… L’utilisation de la machine infernale aura donc été dans notre sens. Mais au terme d’un retour dans le temps de la conscience de Peter, Fringe se décide à ne nous offrir qu’un aperçu d’un futur qui ne sera plus (dommage pour l’actrice jouant la nièce d’Olivia adulte). Un entrefilet assez temporaire, qui nous laisse toutefois sur un joli aperçu de la suite ; et si les deux mondes cohabitaient au lieu de se combattre?
Série adulte, Fringe dirige désormais son vaisseau vers de nouveaux horizons, avec une histoire connue. Reste à voir vers quoi vont aller les protagonistes de cette affaire spatio-temporelle. Nulle doute que les créateurs sauront trouver de nouveaux enjeux pour une situation à peine esquisser, et avec des acteurs jouant chacun (ou quasiment) deux rôles. Mention spéciale à un John Noble en très grande forme! Au terme de ce bilan, Fringe est LA série à suivre l’an prochain. Les champs du possible sont infinis.