Inutile d'épiloguer, "Incendies" de Denis Villeneuve est la réponse par l'image de tout ce qui manque à notre "intimiste" cinéma français : le sens de la nécessité et de la tragédie, la rigueur de la mise en scène, le sérieux qu'impose le septième art . Tiré de l'extraordinaire pièce de théâtre de Wajdi Mouawad ,un canadien d'origine libanaise, le récit évoque l'histoire tragique d'une nouvelle Jocaste sur fond de guerre civile au Moyen-Orient. On reconnaît le Liban des phalanges chrétiennes et des pires exactions.C'est aussi fort qu'une tragédie grecque et dans le même temps terriblement contemporain. Le mérite de l'adaptation est de nous transformer en spectateurs antiques de la réalité d'aujourd'hui (dans les conditions de réception d'une tragédie grecque avec catharsis, brûlure, subtils jeux d'identification) comme de provoquer un vrai malaise pour nous faire atteindreune réalité supérieure. C'es une réussite totale.Il faut chercher au moins dans les films de Mikael Haneke (comme" le Ruban Blanc"par exemple ) pour être aussi saisi, écrasé d'émotion et retrouver la force perdue du grand cinéma .
Lubna Azabal dans "Incendies" de Denis Villeneuve