Même forme de visage
Même port de tête, avec un sourire légèrement figé
Implantation des cheveux quasiment identique
Le port de lunettes
Une similitude de faciès et de détails troublants dans le scénario du drame.
Xavier Dupont de Ligonnès John List au moment de son procès, en 1990.
Dans les années 70 aux Etats-Unis, un père de famille avait abattu toute sa famille avant de partir en cavale pendant dix-huit ans. Une affaire aux similitudes
troublantes avec le drame de Nantes. Les internautes enquêtent.
Source: Le Figaro
-
«A mon avis, il s'est inspiré de cette histoire, il y a trop de similitudes», peut-on lire sur le groupe Facebook «Xavier Dupont de Ligonnès : Enquête et débat». Depuis la mi-avril, les internautes se passionnent pour le quintuple meurtre de Nantes, pour lequel le père de famille, en fuite, reste le suspect n°1. Commentaires sur les forums, groupes sur les réseaux sociaux... Les apprentis enquêteurs passent la moindre information au peigne fin. Et n'hésitent pas à établir des parallèles avec de précédentes enquêtes criminelles. Leur dernière trouvaille en date : un quintuple meurtre commis dans le New Jersey (Etats-Unis) il y a quarante ans. L'histoire d'un père de famille qui a abattu froidement toute sa famille avant de s'embarquer dans une longue cavale. Une affaire qui, sur bien des aspects, n'est effectivement pas sans rappeler celle du meurtre de la famille Ligonnès.
Tout démarre le 9 novembre 1971 au matin à Westfield, une petite ville cossue de l'ouest de New York. John Emil List, 46 ans, vendeur en assurance, rentre dans sa maison, une vaste demeure bourgeoise qui compte 18 pièces. Dans la cuisine, il trouve sa femme, Helen, 46 ans, en train de prendre son petit-déjeuner. Il la tue froidement avec une arme à feu. Dans la foulée, il monte au troisième étage et abat également sa mère, Alma, 84 ans. Ses deux enfants - Patricia, 16 ans et Frederick, 13 ans - subissent le même sort à leur retour de l'école, en fin d'après-midi. Puis John List se prépare à manger et part assister au match de football de son dernier fils, John F., 15 ans. Il le ramène ensuite à la maison et le tue. Mais contrairement aux autres, il s'acharne sur son corps, en tirant une dizaine de fois sur lui. Le chien de la famille, quant à lui, ne sera jamais retrouvé. Les autorités ont toujours pensé que John List s'en était également débarrassé.
Une cavale de près de 18 ans
Premier parallèle troublant avec le drame de Nantes : le déroulé des faits. Selon les éléments récoltés par les enquêteurs, Xavier Dupont de Ligonnès aurait assassiné sa femme Agnès et trois de ses enfants dans la nuit du 3 au 4 avril en leur tirant une balle chacun (deux pour Agnès) à l'aide d'un 22 Long Rifle. Le lendemain, comme si de rien n'était, il est parti chercher son dernier fils, Thomas, 18 ans, qui se trouvait chez un ami et l'a invité à dîner dans un restaurant près d'Angers. A leur retour au domicile nantais,il l'aurait abattu, comme les autres à l'aide d'un fusil. Mais cette fois en lui tirant deux balles dans la tempe. Les gendarmes ont d'ailleurs découvert son corps dans une tombe distincte de celle des autres membres de la famille. Quant aux deux labradors de la maison, eux-aussi ont été tués et enterrés dans le jardin familial.
Autre résonnance : la mise en scène orchestrée par le père de famille. Avant de commettre ses crimes, John List avait annulé son abonnement chez le livreur de lait et averti la Poste de ne plus délivrer de courrier à son domicile. Mais surtout, il avait prévenu l'école de ses enfants et plusieurs de ses proches que toute la famille était contrainte de déménager en Caroline du Nord pour aller s'occuper de la mère d'Helen, gravement malade. Des dispositions qui ont permis que le crime ne soit découvert qu'un mois plus tard, alors qu'il se trouvait déjà loin du New Jersey. Xavier Dupont de Ligonnès, lui aussi, a mis en place tout un dispositif : lettres aux écoles des enfants, à l'employeur de sa femme, aux proches... A certains, il a expliqué que la famille partait pour l'Australie et à d'autres, qu'ils fuyaient pour les Etats-Unis, dans le cadre d'un programme de protections de témoins. Des mensonges qui ont conduit à la découverte des corps deux semaines après les faits.
Importantes difficultés financières
Reste le mobile de tous ces meurtres. Et là encore, des similitudes existent entre ceux de Nantes et de Westfield. John List, fervent pratiquant catholique, traversait une période très difficile au moment où il est passé à l'acte. Il avait en effet perdu son emploi mais n'était pas parvenu à l'avouer à ses proches. Il accumulait les dettes et faisait mine, tous les jours, de partir au travail alors qu'en réalité il errait dans la rue. Le cas de Xavier Dupont de Ligonnès est quelque peu différent, mais semble contenir la même souffrance. Le père de famille versaillais, fervent catholique, était chef d'une petite entreprise. Mais depuis plusieurs années, l'argent ne rentrait plus, et il avait contracté de nombreuses dettes. Pour les enquêteurs, l'homme vivait très mal cette situation. Pour éviter d'en faire pâtir ses proches, il aurait préféré les tuer.
En 1990, la justice américaine a condamné John List à la prison à vie pour avoir tué cinq membres de sa famille. En 2008, il est décédé derrière les barreaux des suites d'une pneumonie, à l'âge de 82 ans. Lui qui avait été peu loquace pour justifier son geste au cours du procès avait accepté, quelques années avant sa mort de se confier à la chaîne de télévision ABC. A la question du journaliste : «Pourquoi ne vous-êtes vous pas suicidé ?», l'homme avait expliqué qu'en agissant ainsi, il n'aurait pas pu monter un jour au paradis. Alors qu'il entendait bien y retrouver un jour toute sa famille. Et être à nouveau tous réunis, comme au bon vieux temps.
- Ces deux affaires sont vraiment troublantes en similitudes.