Niché dans un paisible vallon boisé, surplombant depuis un relief intermédiaire la Sénouire, le pittoresque village de Lavaudieu ( 9 kms à l'est de Brioude ), déploie ses charmes familiers autour d'un prieuré bénédictin fondé au XIè siècle par Robert de Thurlande. Lavaudieu, village typique avec sa fontaine, son " travail " à ferrer les bœufs, ses toits de tuiles patinés, ses façades ensoleillées, lui doit et son nom et sa célébrité. Une partie de l'abbaye, bâtie sur l'aplomb de la rivière et dominant la vallée s'appuie directement sur un puissant rempart construit en maçonnerie de moellons assisés et épaulé par des contreforts en pierre de taille.
Saint Robert, l'ex-chanoine qui avait abandonné Brioude et fondé la Chaise-Dieu créa ici un prieuré pour les moniales souhaitant prier à l'écart de toute distraction. Saint-André-de-Comps, tels s'appelait le premier établissement religieux, reçu en 1077 la fille du comte d'Auvergne, Judith, dont le fiancé avait lui-même résolu d'entrer dans les ordres. Appelé Lavaudieu, la " vallée de Dieu ", le prieuré recut très tôt de nombreuses donations et, dès le XIIè siècle, il connaît une expansion qui explique sans doute l'ampleur des bâtiments. Vivant dans l'obédience rigoureuse de la Chaise-Dieu, la règle s'y assouplit peu à peu. Faisant état de leurs quartiers de noblesse, promues chanoinesses, les moniales furent dispensées de la vie communautaire et eurent, chacune, droit à une maison particulière. La Révolution surprit les religieuses dans une aimable somnolence, dont elles ne s'éveillaient que pour organiser quelque bal de charité. L'effectif de ses occupantes diminuant progressivement, le monastère est désaffecté, vendu par lots, outragé mais non détruit. Les bâtiments conventuels sont alors acquis par la commune ou des privés. Le cloître et le proche réfectoire purent être restaurés. Plus tard, des fresques du XIVè siècle furent dégagées dans l'église prieurale. Il est à noter que ce modeste établissement religieux est le seul de ses semblables en Auvergne.
Les moines de La Chaise-Dieu se montrèrent assez peu généreux envers les religieuses de Lavaudieu à qui ils n'offrirent qu'une simple église de village au beau clocher octogonal, originellement limité à une courte nef, à un transept débordant et à un chœur en hémicycle. Très remaniée au fil des âges, l'édifice renferme de remarquables fresques peintes au début du XIVè siècle et qui avaient disparues sous les badigeons successifs. Elles représentent des personnages ( Gabriel et la Vierge, les évangélistes... ) et diverses scènes telles la Crucifixion de Jésus, la Crucifixion de Saint André... Incarnant la peste noire, une grande femme voilée brandit des flèches qui viennent frapper des gens de toutes conditions sociales : jeune fille, moine, évêque ou pape, personne n'échappant au fléau... Un martyr de Saint Ursule, d'influence flamande, décorait la voûte. La fresque se trouve sur le bas côté gauche de l'église.
Laissé à l'abandon durant plus d'un siècle, l'humble petit cloître surélevé d'une galerie en bois demeure étonnamment séduisant dans sa rusticité. Dominé par le clocher de l'église, il est orné d'élégantes colonnettes aux chapiteaux sommairement sculptés. La salle capitulaire prolonge le croisillon sud de l'église et communique avec le cloître par trois baies inégales. Au fond du cloître, à l'opposé de l'église, la grande salle du réfectoire surplombe un cellier de mêmes dimensions. Elle s'orne à l'est d'une fresque compartimentée, la plus grande d'Auvergne, au sommet de laquelle trône un Christ en majesté géant alors que la Vierge apparaît entre deux anges, attirant le regard des douze apôtres.