Le foot, thermomètre d’un pays en proie au doute

Publié le 08 mai 2011 par Hmoreigne

Ne sombrons pas dans le manichéisme. Il n’y a pas d’un côté les affreux racistes et de l’autre les bon républicains, respectables. La question des quotas dans le foot révèle avant tout le visage d’une France qui ne sait plus où elle habite. Les idées courtes, les lieux communs, les propos de beauf sont aujourd’hui partout, y compris dans les sphères dirigeantes. La faute en grande partie à une classe politique qui préfère accompagner le débat, parfois le nourrir mais rarement l’élever.

Depuis plusieurs décennies, le foot est devenu tout autant une vitrine qu’un exutoire. Une vitrine de la mondialisation où l’argent coule à flots et où les joueurs ont plus un statut de mercenaire que de licencié d’un club. Un exutoire pour des supporters souvent frustrés qui viennent décharger leur mal-être.

Les dirigeants d’un tel sport ne peuvent pas échapper à l’air du temps et celui-ci est singulièrement mauvais. Quand Nicolas Sarkozy souffle l’air vicié de l’identité nationale et évoque à Grenoble « les 50 années d’erreurs sur l’immigration », il dissémine sur le pays des pores qui s’infiltrent partout.

Le message qui n’est pas subliminal est choc : tous ceux qui sont arrivés légalement depuis un demi-siècle dans notre pays et leur descendance relèvent d’une « erreur » et ne sont pas, pour le Chef de l’Etat, les bienvenus.

« Ceux qui veulent venir doivent adhérer à des valeurs sur lesquelles nous ne sommes pas prêts à transiger » a déclaré en boucle le président. Nicolas Sarkozy use sans le dire d’un droit pernicieux d’inventaire. Distinguer les français d’origine étrangère des français de souche constitue un coup de hache dans notre socle de valeurs communes.

A cet égard le principe des quotas en fonctions des origines est contraire au principe d’égalité aussi bien pour mener une immigration choisie que pour constituer une équipe de foot. La mise en cause de la double nationalité de footballeurs que rien ne justifie économiquement illustre la dérive morale qui nous touche.

En 1922, la France acceptait que des alsaciens allemands deviennent français en conservant leur nationalité allemande. En 2011 pourtant les responsables de la FFF voient dans les joueurs binationaux un problème. A croire que les intérêts du football autorisent à s’affranchir de l’article 1 de la Constitution française qui «assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion».

Ce serait sans doute leur prêter une connaissance qu’ils n’ont pas. C’est justement l’effacement de ces valeurs de base fondamentales dans des postes importants qui est inquiétant. Au lieu de servir de ciment à l’unité nationale le football donne désormais le sentiment de concourir à son délitement.

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